Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru dans la newsletter du

Les révélations embarrassantes de l’étude Poynter

Qui ?
Dr. Patrick Holder, Dr. Haris Tabakovic, Dr. Haaris Mateen and Dr. Anya Schiffrin (en photo).

Quoi ?
Une étude du Poynter Institute, une école de journalisme et un institut de recherche, basé en Floride, qui estime ce que les plateformes devraient payer aux médias, que nous avons traduite.

Comment ?
Dans le monde entier, les éditeurs essaient d'estimer ce que Meta et Google leur doivent pour les infos qu'elles fournissent à leurs audiences. C'est une tâche compliquée : il n'y a pas beaucoup de données disponibles sur le comportement des publics. Et le manque de concurrence explique que le prix payé par les plateformes soit artificiellement bas. Notre nouvelle étude estime que Google et Meta doivent aux éditeurs américains entre 11,9 et 13,9 Mds$ par an. Les géants ont expliqué que l'information n'était pas essentielle et qu'au contraire, les éditeurs avaient de la chance que les plateformes leur fournissent du trafic à convertir en abonnés. Mais notre étude montre qu'au contraire, l'info est très importante pour les plateformes. La valeur est générée des deux côtés. Nous avons travaillé sur 50 ans de recherche économique sur le marchandage, pour estimer le paiement juste pour l'information. Si les éditeurs étaient capables de négocier collectivement , par exemple au travers du  Journalism Competition and Preservation Act , les éditeurs recevraient beaucoup plus que ce qu'ils ont obtenu.

Les big tech n'ont pas voulu payer de droits d'auteur et ne sont pas non plus chauds pour fournir les chiffres de l'audience et des impressions. Ils paient les médias au travers d'arrangements ad hoc avec les principaux médias. En gardant le prix de l'information vendue au plus bas, Google et Meta se sont enrichis en attirant le public sur leurs sites.

Pendant ce temps, des news deserts  se créent faute de revenus. Le NYT et le Guardian ont été parmi les rares à compenser les pertes publicitaires par des abonnements payants. ,

En 2021, l'Australie a agi. Rod Sims, alors président de l'autorité de la concurrence a proposé que les plateformes négocient directement avec les médias. S'ils ne parvenaient pas à un accord, le gouvernement désignerait un arbitre pour atténuer la disproportion du rapport de force. Le gouvernement a voté le News Media Bargaining Code, qui injecté environ 140 M$ par an dans l'industrie. Le Canada a passé la loi  C-18 .

En réponse, Google a signé des accords directement avec les publishers,  dans le monde entier.
Ces accords sont confidentiels. La méthodologie adoptée pour ces accords est aussi secrète. Les petits éditeurs et les publications digitales ont été désavantagées, car ils ne connaissent pas la base des deals.
Notre "working paper" contribue au débat mondial. Notre méthodologie pour évaluer l'apport de l'info aux plateformes provient d'une étude conduite cette année par le cabinet de conseil suisse Fehr Advice & Partners AG. ils ont comparé le comportement de l'utilisateur de Google search et d'une version dépourvue d'info. L'étude a montré que les infos étaient une partie clé de l'expérience du search.
Nous avons appliqué cette analyse à Google et Facebook, et calculé un partage de revenus raisonnable. Nous avons ensuite passé en revue les deals conclus ave Google et Meta, quand ils avaient été rendus publics. Enfin, nous avons comparé avec d'autres accords de licence, pour vérifier que nos calculs étaient en ligne avec les pratiques de l'industrie.

Nous avons calculé ce qui est dû. Que nous estimons entre 11,9 et 13,9 Md$ par an aux Etats-Unis, mais nous publions aussi notre méthodologie, pour que chacun puisse s'en inspirer pour son pays.  Notre benchmark inclut les deals récents des médias avec Meta et Google, mais aussi avec une base de données de licence pour l'info depuis des décennies.

Nos estimations prennent en compte la valeur des recherches liées à l'info sur Google et la valeur créée par Meta de la présence des infos dans les contenus de Google et de Meta. C'est plus adapté que les seuls 2% des requêtes liées aux news, que professe Google.
Nous estimons ce que devrait être le partage de valeur entre les plateformes et les éditeurs. Dans un partage à 50/50 , Google devrait 10 à 12 Mds$ aux éditeurs américains et de 1,9 Mds$ pour Facebook.
Il y a plein de manière de distribuer ces fonds (cf cette publication).
Contrairement aux acteurs américains, les journalistes n'ont pas un syndicat unique. C'est trop facile pour les grands acteurs de faire des deals. Mais les autres éditeurs sont laissés dans le dénuement. Cette étude , nous l'espérons, va ouvrir la discussion et encourager chacun à partager la data pour établir un meilleur prix pour l'info. Des deals sont signés partout dans le monde  et les LLM de l'IA générative, sucent le contenu sans payer pour cela, le besoin d'une information de qualité est très urgent.

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