Qui ?
Carlos Diaz, son nouveau projet Uncut et sa nouvelle façon de concevoir l'économie du podcast.
Quoi ?
Une interview par Zoom du rédacteur en chef du podcast Silicon Carne.
Comment ?
Comment est né votre podcast ?
J'avais une chronique de trois minutes hebdo sur France Info, intitulée, "en direct de la Silicon Valley". Ca a duré quatre ans. Et puis, quelques minutes avant d'enregistrer un nouvel épisode, Jules Davy m'a dit que c'était terminé. Richard Menneveux de Frenchweb m'a ensuite incité fortement à faire un podcast, jusqu'à m'envoyer le matériel, un Rodecaster , par la poste. Et c'est comme ça que Silicon Carne est né. Beaucoup en France parlent de la Silicon Valley sans y être. Et d'un autre côté, les américains manquent d'un point de vue européen.
Pourquoi vous être penché sur le Web 3 pour ce programme ?
La préparation d'un émission me prend 12 heures par semaine. Il est entré dans le top 10 des podcasts francophones, avec 20 000 écoutes par mois. En bon américain d'adoption, j'avais envie d'en tirer de la valeur. Je me suis demandé comment monétiser. Je ne souhaitais pas la pub : c'est là où le marché a merdé. J'ai sollicité des sponsors, mais ça ne m'allait pas : j'avais l'impression d'être un homme sandwich. Je ne voulais pas non plus publier mon podcast sur une plateforme qui prendrait 30 à 40 % de la valeur. J'ai voulu un programme co-produit par ses auditeurs. C'est aussi l'ambition de mon nouveau projet entrepreneurial Uncut, une plateforme pour les créateurs qui les aide à prendre le contrôle de la data et de leur création.
Comment avez vous conçu le modèle Web 3 de Silicon Carne ?
Ca s'est fait par étape. J'ai "Minté" les deux premières minutes du premier épisode de Silicon Carne et l'ai proposé en collecter à 30 $ à 80 exemplaires. Le NFT, c'est le nouveau t-shirt, un élément d'appartenance et d'identité. Ca s'est écoulé en trois jours. J'ai fait un épisode sur la guerre en Ukraine, dont les recettes NFT ont été reversées sur le wallet du gouvernement ukrainien. Ca s'est vendu en trois heures. J'ai ensuite minté chaque épisode, hébergé éternellement sur la blockchain. Maintenant, les détenteurs de NFT ont accès aux notes créées pour chaque épisode et à un groupe Telegram, où les auditeurs discutent ensemble et avec moi. La communauté achète mais pas dans le mode enfermant de l'abonnement. Une cinquantaine d'auditeurs achètent de 15 à 20 $ chaque émission.
Quel enseignement en tirer ?
Quand je parle aux créateurs, qui surveillent les vanity metrics comme les like et les follow en espérant les monétiser, j'essaie de montrer une autre voie. Kevin Kelly, le rédacteur en chef de Wired, l'a montré avec 1000 true fan theory : 1 000 fans vous permettent de gagner votre vie. J'ai généré 25 000 $ en un an avec 322 personnes. Et c'est ce chiffre, 322, qui est intéressant. J'aurais mis un firewall, je n'aurais rien vendu. J'ai poursuivi en proposant une carte de membre annuel, à 47 $ par an, qui donne accès à l'hacienda, la communauté de Silicon Carne. 200 membres en font partie. Tout à l'heure, nous avons un comité éditorial, et les membres peuvent y assister une fois par mois et influer sur la ligne éditoriale. Les membres ont aussi été conviés à un apéro en février, et vont faire une retraite fin juin dans le Limousin. Enfin, au début de la saison 4 de Silicon Carne, je vais minter 590 NFT, des socios, de 100 à 500 $ pour 0,3 % à 1 % de 25 % de la vente de NFT de la prochaine saison. Ca permet de lever de 10 à 15 000 $ pour commencer la saison. J'aurai donc 50 co-producteurs, mis dans le smart contact des NFT. Ils devraient équilibrer leur investissement, puisque la recette globale devrait être autour de 40 000 $.
Ce sont des afficionados du Web 3 ?
Pas du tout. Il y a aussi des gens qui ont acheté leur premier NFT avec nous. Ils peuvent même payer par carte bancaire. Je me vois comme un label. Mon rêve serait que la communauté produise son propre contenu sous la marque Silicon Carne, montent sous la marque Hacienda et héritent de la communauté. Nous expérimentons un média nouvelle génération, communautaire, qui déporte la propriété du contenu.
