Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Du lab à la boutique, pourquoi le retail connecté se cherche encore

Qui ?
Thierry Demettre, Directeur du Carrefour Euralille, Tiphaine Chateigner, responsable du marketing client et cross-canal chez Eram (en photo), Pierre Crignon, Directeur de Décathlon Mobility et Romain Dubé, ‎Chargé de projet digitalisation du point de vente chez Happychic (Brice, Jules, Bizzbee).

Quoi ?
4 exemples plus ou moins réussis de digitalisation des points de ventes, à l'occasion d'une visite terrain réalisée dans le cadre du Salon Conext à Lille.

Comment ?

La techno en magasin, un défi humain

Au Salon Conext de Lille, les robots ont la cote mais restent à l'état de concepts : le bras connecté de Citc fait des cocktails presque tout seul tandis que Pepper attend le chaland à la porte du restaurant. Ce dernier est capable de reconnaître les clients fidèles et de les conduire à leur table. La greffe de ces innovations dans un magasin n'a pas encore pris, l'arrivée de ces technologies étant avant tout un challenge humain, pour accompagner l'expérience et gérer la maintenance des machines.

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Témoin, Eram : la chaîne prévoit d'installer des imprimantes 3D dans ses boutiques pour personnaliser ses talons de bottines. "Nous sommes encore en train de peaufiner l'expérience et le déploiement en magasin, explique Tiphaine Chateigner, il faut former les vendeurs à l'expérience de customisation mais aussi à l'alimentation de la machine en matière première".

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La problématique de l'usage est particulièrement criante chez Carrefour : avec son chariot connecté et géolocalisé lancé en 2014, l'enseigne rêvait de réinventer l'expérience en hypermarché. Dans la réalité, l'interface peu interactive de l'appli "Promo C-Où" peine à s'installer dans les usages. Le guidage, véritable enjeu sur la surface de 7 800 m2 n'est pas facilité par le plan du magasin, peu lisible. "Nous allons faire évoluer l'application, elle aidera aussi à localiser le rayon café par exemple" promet Thierry Demettre.

4 000 personnes utilisent régulièrement l'application et les clients sont contents, assure-t-il. Mais il n'est pas encore possible de rapprocher le parcours des promos en magasin de l'impact sur le panier en caisse. Pourtant la technologie Li-fi déployée par Carrefour et Philips est prometteuse : "Le Li-fi localise le client avec une précision de l'ordre de 10 cm, alors qu’elle est de cinq mètres en wifi. La technologie permet même de détecter l’orientation du téléphone, on sait quel produit il regarde".

Des services pour compenser les mètres carrés

A la gare Lille Flandres, Décathlon, lui, mise sur le service pour attirer ses clients dans un magasin de 150m2, vingt fois plus petit que ses grandes surfaces standards. Son concept-store dédié à la mobilité urbaine vend vélos, trottinette et sacs à dos, les autres produits sont à commander sur la borne. D'autres services, dont l'accès à un atelier pour réparer soi-même son vélo, enrichissent l'offre. Cinquante casiers à l'entrée permettent aussi de récupérer ses colis en 48h.

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Dans le petit point de vente, 70% des achats sont assistés d'un vendeur, contre 30 % en grand magasin. Il faut donc 3 employés avec un renfort d'un ou deux pendant les heures de pic. Pierre Crignon, le gérant, admet que la boutique n'est pas encore rentable. Le loyer très élevé et les travaux de la gare de Lille Flandres n’ont pas joué en faveur de l'activité. Le développement du e-commerce ne représente que 5% du chiffre d'affaires de la boutique.

Brice : L'innovation pragmatique en boutique

La chaîne de vêtements pour hommes Brice a décidé de confier le projet de digitalisation du magasin aux mains d'un jeune gérant de boutique d'à peine trente ans. Le défi de Romain Dubé : opérer un magasin sur 120 m2 au lieu des 400 m2 habituels, en proposant 100% de l'offre. "Impossible de mettre toutes les tailles en rayon, mais on a limité les allers-retours au stock grâce aux tablettes vendeurs. Il suffit de deux personnes pour gérer le magasin. Un vendeur en rayon collecte les besoins des clients et une personne en haut fait le picking et place les produits dans l'ascenseur, qui tient une place centrale dans la boutique."

Pour présenter les produits, deux écrans géants verticaux projettent des vidéos. Chacun est piloté par une tablette proposant une expérience shopping "à la Tinder". Il suffit de choisir l'occasion, son style et de se prêter à un petit jeu de "j'aime / j'aime pas" pour obtenir une sélection de tenues personnalisées affichées en vidéo plutôt qu'en photo. "Les gens se prennent au jeu. 200 clips différents ont été tournés : à chaque fois le mannequin arrive à l'écran et ajuste son col. C'est un clin d'oeil à la sortie de la cabine dans l'attente de l'approbation de la femme ou de la copine."

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D'ici un mois, une cabine développée par FitEasy permettra aux clients de réaliser leur passeport morphologique grâce à des capteurs de poids et de mesure. "Les informations seront associées à la carte de fidélité pour que le site e-commerce propose directement les produits dans votre taille quand vous commandez en ligne".

Romain Dubé  insiste sur le pragmatisme : "L'important c'est de rester indépendant du digital. Il ne doit pas y avoir de frustration en cas de panne, on doit pouvoir faire du commerce normalement et continuer de servir nos clients."

Monelle Barthélemy 

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