Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Le recrutement en start up, ou comment découper le saumon

Qui ?
Jonathan Azoulay, président du cabinet de recrutement Urban Linker et Céline Lazorthes, fondatrice de Leetchi (en photo), Tatiana Jama CEO de Living Social France.

Quoi ?
Des histoires de recrutement au pays des start up, et une méthodologie adhoc développée par Urban Linker.

Comment ?
Depuis trois ans, Urban Linker explore les pistes des RH au pays des start up, avec pour maître à penser Tony Hsieh le Pdg de Zappos et l'auteur de "Delivering Happiness" : "Les cabinets de recrutement sont mal vus dans ce secteur. On a bâti toute notre réflexion là-dessus". Pour recruter au pays des start up, la méthodologie est en effet bien particulière.

Ainsi, les Galeries Lafayette voulaient devenir leader dans le domaine du e-commerce, mais avaient deux mois de délai pour valider une embauche en interne. "Nous avons revu le process avec eux. Aujourd'hui, pour les embauches dans ce secteur, ce délai est de deux semaines." Deux clients du cabinet ont témoigné de leurs aventures humaines. Céline Lazorthes de Leetchi est passée en trois ans à une société de 20 personnes, dont un tiers d'ingénieurs, à l'échelle Européenne. Elle a recruté 3 profils techniques et son directeur commercial via Urban Linker. "Pour recruter des techniciens, j'ai tout essayé, j'ai même envisagé d'envoyer des hôtesses pas trop vêtues distribuant des flyers à la sortie des écoles. Mais la collaboration avec Urban Linker m'a appris que le marché n'était pas si tendu. La difficulté était pour nous de chasser quelqu'un en poste." Un premier recrutement d'un ancien d'une SSII a duré quatre jours : "il a voulu retourner dans sa SSII en disant 'tout va beaucoup trop vite ici'". la dirigeante se rend alors compte qu'elle a créé des valeurs fortes. Pour recruter son directeur commercial, elle essaie d'abord seule pendant trois mois. La personne qu'elle débauche la plante à la dernière minute. Elle demande alors à Urban Linker de lui trouver un directeur commercial : un ancien de Paypal et qui avait eu une expérience entrepreneuriale. Mission accomplie, trois semaines plus tard.

Les valeurs de Leetchi ? "Mettre le client au coeur du service, et mettre les salariés au coeur de l'entreprise."La société a son open space au centre et les business unit en corolle autour. Leetchi part une à deux fois par an en séminaire."Pas de jeux au programme, mais un concours de cuisine où des équipes tirées au sort préparent le repas. Et l'on voit la manager allemande mener son équipe à la baguette et les développeurs couper méticuleusement le saumon pendant deux heures. Ces observations m'ont permis de résoudre des problèmes de cohérence dans les équipes." Une fois par mois, une réunion interne donne tous les chiffres : "de toutes façons, tout se sait dans une start-up. Et puis, on fait des concours internes de prévisions. Cela permet d'aller tous dans la même direction".

Le socle d'une start-up c'est l'innovation, mais si elle n'est pas cultivée, elle se perd. Pour Urban Linker, cela passe par la codification des valeurs. Urban Linkers en a 9, qui vont de l'étonnement client à la notion "fier d'être décalé". "C'est le fondement de nos prises de décision, chaque projet est relié à ces valeurs". Mais comme chaque personne ne rêve pas des mêmes choses, un audit des motivations permet de définir une politique de RH réussie. Tatiana Jama, CEO France de Living Social, est passée en quelques mois de 20 à 120 salariés, après son rachat par le groupe éponyme. "Nous sommes passés de 20 à 100 de juin à octobre. Il fallait mettre un process RH qui permette de recruter bien, mais rapidement". Le vendredi, est dédié au recrutement. Les patronnes reçoivent 20 personnes. "Mais au début le taux de transformation en embauche était de 0%. Je n'avais jamais été salariée, il fallait passer à une culture de RH" Autre problème : faire passer la culture d'entreprise aux nouveaux entrants pour qu'ils ne soient pas simplement à attendre le chèque en fin de mois.". Enfin, il fallait créer du lien avec la centaine de personnes, travaillant pour la plupart de chez elles. La rédaction des valeurs de l'entreprise a donc été très importante : "Nous nous sommes battues pour que les valeurs soient écrites en Français." Living Social organise une fois par mois une cérémonie des oscars qui récompense celles qui font des merveilles pour améliorer le quotidien des équipes. Des cartes postales sont envoyées avec ce que les autres ont dit de l'action d'une telle.

Que devient l'esprit start up quand la société grandit et qu'on met en place un mid management ? C'est effectivement délicat. Céline a ainsi dû placer un directeur marketing au dessus de sa responsable de com, amie d'enfance et associée."Nous en avons beaucoup parlé et c'est elle qui a été demandeuse." Chez Living social, "nous avons été claires par rapport aux racheteurs en leur disant qu'on ne touchait pas à ces gens. Ils ont fait un double reporting et petit à petit la nouvelle organisation s'est mise en place. Aucun recrutement ne s'est fait sans validation de l'équipe.

Reste un autre point, non abordé ici : celui des nouvelles relations de travail qui ne passent pas par le salariat. Alors, on vous conseille l'article du NYT qui détaille cette start up avec un seul salarié : son fondateur.

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