Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru dans la newsletter du

Un SXSW un peu brumeux , farci d’Apple.

Qui ?
Frédéric Josue, président de 18M.IO.

Quoi ?
Le retour sur l'édition de SXSW qui vient de commencer, par l'un de ses habitués, envoyé à Austin par Alexandre Farro, Président de la société Les Emotionneurs et Président du Medef Grand Est

.Comment ? 
Il y a un truc qui cloche. Pas le défaut de continuité du CRM d’Air France avec celui de Delta. Pire : deux personnes dans l’avion pour Austin, Texas, lieu de cet événement qui essaime dans la ville,  travaillent comme moi  sur une présentation sur l’IA Generative. Et rien de tout cela dans l’agenda de SXSW dans les principaux "BallRoom". Du Cannabis et des énoncés de Keynote fumeux aussi, mais peu, voire rien, sur le sujet des Transformers (le T de GPT). L'explication ? le call for speakers de SXSW était en juillet 22. Depuis, une révolution est passée, qui rime avec ChatGPT. Les keynotes sur le sujet se retrouvent dans de plus petites salles… surpeuplées, même SouthBy peut se planter. Apple ne parle en principe qu'aux conférences d'Apple. Mais la marque évoque parfois les questions green au Web Summit. Du coup, il convient de souligner la présence inhabituelle de la vice présidente santé en charge  Apple Health et Sumbul Ahmad Desai, dans de nombreuses conférences cette année (voir ci dessus). Celle qui donne des cauchemars aux assureurs traditionnels fait une présentation à l'américaine, parlant de la maladie de sa maman, qui l'a conduite à devenir médecin. C'est mignon. Mais sa conférence oublie quelque peu l'éthique, vous allez voir. Sumbul nous parle de l’Apple Watch et de ses développements fascinants dans la santé. On comprend assez rapidement l’utilité, quel que soit la typologie de population. Passionnante approche de la user innovation : une grande partie des développements santé de la montre sont le fruit de l'interaction entre Apple et sa communauté d'utilisateurs. C’est une innovation organique et non issue de la stratégie. L’objectif d’Apple n’était pas la santé, mais la précision de la mesure.

Echanger les informations de santé dans la famille. Hum hum 

A un moment ça bug… ce qui explique l’avancée des États Unis sur pas mal de sujets business, l’accès à la donnée et le fait qu’elle pose moins de problèmes éthiques aux autorités. Sumbul nous explique guillerette comment les informations de santé de chaque membre de la famille peuvent être partagées avec le reste de la famille et comment cela permet d’échanger et de créer un débat. Les triglycérides de papi, le cycle menstruel de maman, la fibrillation atriale de papa, de quoi alimenter le débat, en effet… Mais attention si Apple n’en est pas encore là, toutes les données que la marque collecte sont cryptées. Étrange, quand on sait que les données biométriques sont séquentielles et agissent comme des empreintes digitales. Elles révèlent votre identité, : elles sont impossible à anonymiser. CQFD.

IA, IOT, Cloud, Blockchain et Réalité Augmentée
5 technologies transcendent les conversations cette semaine : IA, IOT, Cloud, Blockchain et Réalité Augmentée avec un gros accent sur l’IA Générative. Le credo, ? Tech will save humanity. Le contrepoint absolu du livre “La Société qui vient”, sous la direction du sociologue français Didier Fassin. La puissance de SXSW, c’est de nous expliquer, à l’image de la prêtresse Amy Web, la convergence de ces technologies et de mixer tout ceci avec les sciences sociales. Par exemple, quand GPT croise MidJourney, la réalité augmentée et des technologies de CRM décentralisées au service d’une nouvelle expérience client durable et inclusive. Vous vous retrouvez avec un avatar photo réaliste LGTBQI+ qui vous propose un crédit bancaire pour le lancement d’une société qui fabrique des crevettes à base de stem cell (cellules souches).

Crise de sens
Sur le sujet de l’IA, la conscience est partout présente, sous fond de crise absolue du sens, Ukraine, climat et j’en passe. Les objectifs de développement durable sont intégrés dans les keynotes comme le sont la plupart des autres questions de société. C’est un peu comme si, en présentant l’intitulé de votre présentation, vous deviez cocher un certain nombre de cases d’un QCM. Egalement, peu de sessions sans  pluralité ethnique ou de genre. Nous sommes en avance stricte de phase, nous sommes aux Etats-Unis, ou la diversité est de la data, une donnée sensible associée à un véritable Law Enforcement,  Comprendre une judiciarisation dans le cas d’un non respect de la norme. Pas de keynote sans mention du sens, des valeurs et d’une forme imagée ou tangible du progrès.

Devenir propriétaire de ses vêtements.
Dans le plus geek des festivals, il y a aussi beaucoup de bullshit, comprendre storytelling. Cela commence avec Ryan Gellert, CEO de Patagonia qui évoque la responsabilité des entreprises. Il parle comme un américain, habillé d’une Apple Watch, de Nike Air, avec pour le reste un fullset Patagonia : « Notre objectif est de faire de l’argent rappelle t-il, comme l’écrivait Yvon Chouinard dans « Un business responsable:  Les leçons tirées des 40 ans d'expérience de Patagonia ». « Les entreprises ont créé le désordre actuel, c’est leur job de corriger ces problèmes ». Dans un bel esprit de contradiction, il estime  qu’il faut changer le narratif fondateur des Etats-Unis : l’argent fait le bonheur. Il faut changer le statut du consommateur du fashion business en « propriétaire d’un vêtement », sous-entendu qui va le garder longtemps et le faire réparer, voire le recycler. Enough, les big tech, et big corporate company trustent maintenant comme lui les grands Ballroom pour nous servir une soupe corporate contradictoire et préjudiciable au marketing sustainable qu’ils défendent. Un spectacle triste et ironique dans un festival qui prône les grandes idées.

Le bullshit dans les grandes salles, l'IA dans les petites.
Dans les plus petites salles, loin du bullshit, le sujet majeur de SXSW cette année est la donnée, autrement dit  l’IA, et au sein de cette discipline l’IA Générative. C’est la révolution qui est sur toutes les lèvres. Et les grands experts rappellent  que l’IA, c’est 1950. Le deep learning a permis alors le développement des réseaux de neurones artificiels dans  les années 2010. Les premiers développement de l’IA Générative ont lieu en  2014… avec les GANs. Beaucoup de futuristes, prospectivistes… et planeurs stratégiques sont passés à côté et découvrent cette invention en novembre 2022 avec la version Chat de GPT.

Pour Chat GPT il faut poser des questions : les écoliers français sont formés à l'écoute.  
Cette évolution  met l’humain au cœur du dispositif. Il faut savoir Prompter, c'est-à- dire poser des questions. (voir notre article). Les élèves français sont en cela mal positionnés… rappelons qu’ils sont formés à l’écoute. Au-delà du prompt, il faut pouvoir réorienter les résultats, c'est-à-dire re-prompter comme l'évoquent Amy Web ou encore John Maeda de Microsoft. L’IA ne sait pas décider, car elle n’a pas d’objectif. Elle ne fait qu’imaginer de façon probabiliste le mot suivant. Il faut toujours un être humain pour décider, valider et prendre en compte ce que la machine ne sait pas, car elle n’a pas d’expérience. Beaucoup de speaker listent les bénéfices à court terme de l’IA Générative et le rôle central de l’humain : Création de contenus ou services personnalisés, amélioration de l'engagement des individus, réduction des coûts, accélération de la production de contenus, amélioration de la qualité etc…

Seule certitude : une fracture numérique majeure va se creuser. Il y aura d’un côté les humains qui sauront poser des questions essentielles et construire avec  une intelligence artificielle. Et les laissés pour compte qui continueront à faire des tâches ingrates. L’IA remet l’humain au centre du dispositif, mais pas n’importe quel humain. Malheureusement.

Frédéric Josue

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