Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Lettre de rupture à Black (Berry)

Mon cher BB,

C’est avec tristesse que je t’écris ces mots. Je dois te quitter.

Après des débuts en fanfare, vraiment enthousiasmants, il y a près de 5 ans, notre relation s’est peu a peu délitée, tu as fais de moins en moins d’efforts pour continuer à me séduire alors que d’autres, plus brillants, baraqués, drôles et jolis garcons que toi ont commencé a me courtiser. Plus jeunes, plus cool, moins étriqués. Et puis ces couleurs, ces formes, ce touché…

Je t’ai pardonné pendant des années d’être aussi peu branché, de ne pas aller à la gym. Après tout, tu étais le bigleux de la classe, et tes grosses lunettes à monture noire te donnaient un charme tout particulier. Et puis tu étais si rapide ! Mais voilà, quand on s’est installés ensemble, je n’avais pas beaucoup d’expérience, sauf une broutille avec ton pote Treo, un soir, derrière le Jeu de Paume. Je l’aimais bien, Treo, mais tout le monde me disait que toi et moi étions faits l’un pour l’autre, co-dépendance et tout.

J’adorai caresser ta boule à zéro, et trouver sans jamais avoir à demander tous tes mots doux en temps réel… Mais je ne comprends toujours pas ce qui t’a pris quand tu es allé draguer “le grand public”, alors que tu n’avais ni le look, ni les talents pour le faire. J’entends encore mes copains se plaindre de la difficulté de programmer des applications sur ton système.

Tes clients étaient les entreprises, pas les particuliers ! Tu t’es éparpillé juste au moment où les petits jeunes commençaient à comprendre que le succès en masse passe par la satisfaction de besoins premiers, comme une interaction intuitive, des fonctions simples et une esthétique séduisante. Là, vraiment, tes origines du grand nord canadien et ton coté serviable mais pas vraiment dégrossi t’ont desservi. Petit à petit j’ai commencé à faire attention ailleurs…

Bon. Le coup de grâce, je dois l’avouer, c’est quand tu as ramené ce pauvre Pléboucq à la maison. Petit, mal foutu, lent de là haut, même pas capable de se connecter tout seul… Tu vois, j’aurais pu tolérer tes escapades si tu étais revenu avec une pomme d’API, mais Pléboucq n’est vraiment Pad’taille. J’ai vraiment commencé à me dire que tu perdais la boule, et effectivement, tu l’as perdu. Pas seulement toi, tes parents aussi ! Qu’est-ce qui leur a pris de perdre la moitié de la fortune familiale en jouant à la bataille avec un robot, vert qui plus est? Je croyais qu’ils se cantonnaient au bridge…

Tu sais bien que je ne t’ai pas épousé pour ton argent. Nous avons eu des années merveilleuses, et je t’en remercie. Mais nous avons toujours été honnêtes entre nous… Alors voilà, je dois t’avouer que je suis tombée raide amoureuse d’Yfon Quatraisse. C’est plus fort que moi. Je lui parle et il fait ce que je lui dit, je l’effleure et il frémit, on fait des films ensemble… Oh, et puis son frère Ypad est tellement sympa, une vraie encyclopédie et en plus il est passionné d’ornithologie, il est spécialiste de la colère des oiseaux, figure-toi.

Bref, cher BB, je suis bien triste… Adieu [message envoyé].

Anne Bezançon

@abezancon

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