Qui ?
Yitzi Kempinski, fondateur de la start-up israëlienne Umoove.
Quoi ?
Une interview sur cette technologie qui révolutionne les interfaces utilisateurs, en partenariat avec la Fédération Française des Télécoms.
Comment ?
Que change UMoove pour l’utilisateur ?
Pensez à l'écran de démarrage d'un smartphone : pour vous déplacer entre les applications, vous avez besoin de votre doigt pour faire glisser l'écran sur le côté. Avec notre technologie, il suffit de regarder simplement dans la direction que vous souhaitez et la page se tourne toute seule. Comment la majorité des gens regardent-ils l'heure aujourd'hui ? Ils sortent leur smartphone de leurs poches et pianotent pour voir l'heure s'afficher. Avec Umoove, il vous suffit de dégainer votre téléphone et de le regarder pour qu'il vous indique l’heure. Autre exemple, il est possible de zoomer ou dezoomer en s'avançant ou en s'éloignant du terminal mobile que vous tenez entre les mains. L'interaction technologie-utilisateur devient plus naturelle et fluide. Depuis 10 ans, la distance entre l’utilisateur et le machine se réduit : nous sommes passés de la souris au pad puis au tactile. Nous sommes convaincus que l’eye-tracking représente l’étape suivante.
Quelle est la technologie derrière ces nouveaux usages et comment se distingue-t-elle des concurrents, comme par exemple Tobii ?
Umoove est un logiciel d’eye-tracking pour terminaux mobile. Mais nous n’avons recours à aucun composant supplémentaire, ni caméra, ni processeur. Alors que nos concurrents fabriquent du hardware, nous sommes une entreprise de logiciel. Cela veut dire que Umoove est adaptable pour tous les terminaux mobiles possédant une caméra de face, soit l’écrasante majorité des tablettes et smartphones. De plus, les processeurs mobiles sont souvent de faible qualité alors que les logiciels d’eye-tracking sont extrêmement consommateurs de ressources. Nous nous sommes concentrés sur ces deux défis et nous avons réellement conçu Umoove par et pour le mobile uniquement.
Comment UMoove peut cohabiter avec la navigation tactile ?
Les utilisateurs ne vont évidemment pas se demander s’il est plus pratique d’utiliser leurs yeux plutôt que leurs doigts ! L’idée n’est pas de remplacer le tactile mais bien d’ajouter une dimension supplémentaire à l’expérience de l’utilisateur grâce à navigation par le regard. Concrètement, l’utilisateur utilisera ses yeux pour naviguer à travers une application et ses doigts pour sélectionner le contenu ou le menu de son choix.
Quels secteurs privilégiez-vous pour votre développement ?
Dans un premier temps, l’industrie du jeu vidéo représente notre cœur de cible, c’est là que les applications de notre technologie sont techniquement les plus simples à mettre en place. Nous collaborons aussi avec plusieurs grands groupes internationaux dans des domaines variés, de la santé au luxe. Par exemple, nous travaillons depuis peu avec un fabricant mondial d’instruments de musique qui souhaite réaliser une application où il ne sera plus nécessaire d’utiliser ses mains pour tourner la page d’une partition. En réalité, les possibilités semblent infinies ! Pensez simplement aux usages pour la maison et la voiture connectée de demain…
Comment les marques peuvent-elles bénéficier d’une telle technologie ?
La technologie d’eye-tracking fait plus que bouleverser l’expérience utilisateur, elle est disruptive à un tout autre niveau. En suivant le regard de l’utilisateur, elle permet de savoir quels sont ses intérêts et ce qui inconsciemment attire son regard : pour les marques c’est une mine d’or complètement nouvelle. Cela permet de concevoir des applications dont le contenu et l’interface sont optimisés au millimètre. D’une certaine façon, c'est comparable à l’impact qu’a eu Google Analytics sur les sites Internet aux débuts des années 2000.
Propos recueillis par Basile Michardière.
