Qui ?
Alexandre Villeneuve, co-fondateur de Jin Communication et du SEO Camp.
Quoi ?
Google va intégrer l'IA dans ses réponses. Qu'est-ce que ça va changer ?
Comment ?
Comment le marché a-t-il réagi à la première vague Chat GPT ?
Les gens ont leurs habitudes. Google a vite réagi. Les articles parlant de panique chez Google étaient exagérés. Alphabet est n°1 en sémantique, il fait des annonces rapides, une démo qui n'a pas fonctionné, puis Bard a été intégré à Google aux US et, cet été, en France. Il n'y a pas eu de grande migration vers Bing (voir ici) , même si Microsoft déclare que les progrès depuis six mois sont plus importants qu'en dix ans. Quelques points ont été gagnés par le moteur de recherche de Microsoft, depuis l'intégration de Chat GPT dans ses résultats.
C'est un peu comme Twitter (X) et Threads de Facebook. Après un phénomène de curiosité, on poursuit ses usages avec son outil familier.
L'intégration de Bard dans Google, ça donne quoi ?
Bard est un peu moins bon en production de contenu, mais de même niveau que Bing en recherche. Plus ça va, et plus ce qui entoure le lien classique va disparaitre. La solution est aujourd'hui en Beta en France (pour voir à quoi ça ressemble, c'est par ici). On ne sait pas si Bard va être intégré dans chaque requête ou pour certaines requêtes seulement (ce qui est plus probable). Sur shopping, Bard ne répond pas aussi bien que le carrousel d'image. Quand on interroge Google sur une robe, on veut regarder des photos, pas du texte.
Sur beaucoup de requêtes, la réponse de l'IA sera suffisante. Et la publicité sera intégrée d'une manière ou d'une autre dans cette réponse.
Que va-t-il se passer pour les médias ?
Beaucoup de médias vivent des visites générées par Google. Et ça va devenir problématique. J'ai demandé à Bard s'il risque de tuer la presse. Sa réponse ? Il y a effectivement un risque de perte d'emploi. Mais cela va aussi permettre aux journalistes qui ont des contenus qualitatifs, des enquêtes, des nouveaux formats plus intelligents, d'émerger.
Si les médias font du contenu de qualité avec l'IA, ils pourront apparaître. En revanche, les stratégies industrielles de contenu devraient rester dans les bas fonds d'internet. Ca va être plus dur pour les néo-fermes de contenu, comme Reworld Media, ou les faux médias qui ne font que copier les articles étrangers. D'un autre côté, il y a aussi le risque que tout soit noyé dans un océan de contenu automatiquement généré.
Et pour les marques ?
Déjà, sur certaines requêtes populaires, on voit que ce n'est pas le même google ads. La bataille sera exigeante, les marque vont devoir se rendre utiles, avoir une véritable réponse commerciale ou pédagogique. L'IA va permettre de comprendre en profondeur les questions du public et de faire émerger par exemple des études originales des profondeurs du Net. La pub qui sera intégrée dans Google Bard ne fera plus dix lignes, mais sera beaucoup plus courte et pertinente.
Pour les e-commerçants, il ne devrait pas y avoir beaucoup de changement dans leur stratégie de référencement. Mais ceux qui travaillent sur des mots clés de pédagogie ou d'actualité, doivent vite revoir leurs copies.
Le fondateur de Nvdia a prédit que l'intelligence artificielle dans dix ans serait 1 million de fois plus puissante que maintenant. Le Search va être révolutionné par une approche ultra-qualitative.
Et pour les agences ?
Nous disons déjà à nos clients de réaliser leurs communiqués de presse en interne. Pour de la production de bas niveau, ils n'ont plus besoin de nous. Sur les réseaux sociaux, on a encore besoin de la finesse humaine pour bien publier. C'est en amont dans le planning et les outils que l'IA peut aider. La véritable révolution va venir dans les contenus générés automatiquement pour le référencement. Jusque là, la qualité n'était pas au rendez-vous, mais cela va vite très bien fonctionner. Cela va limiter le rôle des agences dans la création des annonces pour le référencement. Le contenu E-commerce va aussi être internalisé. Mais les agences vont garder leur rôle de stratège, et d'acquisition. Il y aura moins de production, et plus de conseil et d'accompagnement sur les outils d'intelligence artificielle.
