--> Construire la souveraineté numérique européenne. A sa publication, le programme de la conférence organisée à Bercy les 7 et 8 février derniers et diffusée sur ... Youtube, a créé quelque remous sur Twitter. Il a ainsi subi des évolutions de dernière minute. Au menu, des think tank américains (Stanford et Harvard) et des GAFAM. Miam miam, pour parler souveraineté, non ? Devant la polémique suscitée par le programme, Kent Walker, président des affaires juridiques de Google et Susan Wojcicki, la patronne de Youtube se sont désistés. Autre sujet qui n'est pas passé inaperçu, l'intervention de Camille François, liée à la CIA. "Do you speak souveraineté", s'interroge Reflets ici. Pendant ces deux longues journées, on n'évoque pas l'interdiction par la CNIL, la même semaine, de Google Analytics, premier pas de l'Europe vers une véritable émancipation des GAFAM. Et le fond du sujet qui est : les sociétés américaines, soumises au cloud Act, peuvent-elles continuer à exploiter des données en Europe ?
Au final, la presse n'a pas couvert cet événement Mac Do camembert, sauf le Monde, où des opposants à Emmanuel Macron critiquent notamment le projet mi chèvre mi chou de Gaia X dans le cloud.
--> Nous, on n'a pas regardé ce "sommet américain de la souveraineté européenne". Mais ce replay de cette conférence organisée à la Sorbonne par le think tank Le vent se lève, avec notamment Tariq Krim (qui plaide dans sa nouvelle newsletter pour une "infrastructure nation", qui remplacerait la start-up nation). Pour Tariq Krim, 15 Mds ont été investis dans la french tech pour 25 licornes détenues à 85 % par des acteurs américains et asiatiques. Nous n'avons pas de stratégique numérique, dès lors que de l'argent public est investi, il faut s'interroger sur le retour qu'il génère au pays". Le "cloud de confiance" permet aux entreprises d'adopter les cloud américains, avec une définition de souveraineté minimale. Le gouvernement a interrogé des acteurs industriels numériques, mais pas les spécialistes du cloud. Il n'a jamais fait confiance aux PME, contrairement au gouvernement américain. Du coup, Orange a choisi un logiciel qui ne marchait pas ! ". Derrière ce cloud de confiance un label sorti en mai 2021, la dépendance aux GAFAM s'accélère. Les données de santé, confirmées dans un premier temps à Azure de Microsoft, ont été une occasion manquée d'améliorer le machine Learning européen. On y parle aussi de délocalisation des data center dans nos contrées (en France et en Finlande notamment), pas pour se conformer au RGPD mais parce que "Ils savent qu'ils vont avoir besoin d'eau".
--> Toujours dans cette conférence, Jean-Paul Smets (Nexedi, Rapid Space) explique en quoi l'absence de souveraineté numérique a un impact sur la balance commerciale française : "Google paie ses composant 5G 75 $, une PME américaine 750 $ et une PME française, 12 000. C'est pour ça que j'ai des fournisseurs chinois et américains, je suis un nain qui fait se battre deux sumos l'un contre l'autre".
Jean-Paul Sets est fournisseur d'un grand groupe automobile et l'invitait à acheter un peu de cloud européen. Réponse de la DSI ? "quels que soient vos avantages, on ne veut pas de vous, car notre sous traitance informatique (Cap Gemini et Atos) ne travaille qu'avec Google, Amazon et Microsoft". CQFD.
--> Le 11 février dernier était diffusé un nouvel épisode du feuilleton Facebook / justice américaine. "J'ai rarement vu un juge écorcher vif une société comme il l'a fait" confesse Jason Kint. Pour ceux qui ont manqué cet épisode croustillant de justice spectacle, le thread est ici.
--> Mercredi et jeudi dernier, le Hub organisait "Future of retail & E-commerce" au Palais Brongniart à Paris, avec 50 exposants. On a assisté à la keynote de Renaud Caillet d'Ekimetrics, un peu dans le brouillard (pas de noms des clients et des performances lancées à la plus plouf). Mais on retiendra quand même que la société a créé un algorithme pour définir le bon niveau de stock, en fonction des attentes des clients et non des intérêts des vendeurs, qui a fait gagner un point de productivité à un grand constructeur automobile. Nicolas Rieul a rappelé les chiffres publicitaires de son rival, Amazon. En effet par la première fois, la société a révélé qu'il réalisait 30 milliards de dollars dans l'activité publicitaire, ce qui en fait le troisième acteur, derrière Google et Facebook. De quoi donner de belles perspectives à Criteo, connecté à 22 000 commerçants dans le monde, et 900 milliards de transactions. "Soit trois fois le revenu E commerce d'Amazon".