Formidable, courageux et limpide article de Frédéric Filloux sur la taxe Google, dans sa Monday Note. Chiffres à l'appui, il démontre que le projet de taxe Google ne s'appuie sur... rien. Google n'a que faire du contenu des médias classiques, ni pour vendre ses mots clés, ni pour améliorer sa pertinence et remplir sa nouvelle mission de "moteur de connaissance". Courageux, car Frédéric Filloux est aussi directeur du digital des Echos, et à ce titre membre d'un milieu adepte du "à votre bon coeur Messieurs-Dames". En effet, la taxe Google viendrait à point pour qu'un Libération puisse passer l'hiver. Le journal pourrait succomber, tué par de très gros pigeons : bizarrement, les grands patrons se sont sentis visés également par le titre "casse-toi pauvre con", destiné à Bernard Arnault. Trou : plusieurs dizaines de millions dans la caisse... Alors, si les recettes venant de l'Etat (11%) ne peuvent monter, si Air France (15 à 20% des ventes de la presse quotidienne) menace de quitter le navire pour distribuer des tablettes à bord, si on ne peut même pas taper Google et si les lecteurs prennent le large dans l'océan de données interactives, que faire ?
Accélérer. CapGemini dresse cette semaine les recettes de la numérisation à marche forcée : confier le pouvoir aux tenants du numérique et donner des objectifs de digitalisation à tous les patrons du journal. Et s'assigner une mission globale centrée sur l'utilité. Aujourd'hui, les titres de presse se contentent de juxtaposer des sites de service à leur site d'info, en jouant au chat et la souris avec Médiamétrie. Mais demain, il faut qu'ils intègrent cette notion de service dans leur information. En utilisant la techno. Tiens : une idée de service pour la presse locale, après avoir payé 1 300 euros une serrure d'appartement cette semaine : un annuaire des plombiers et serruriers honnêtes.
Geneviève Petit