Site icon Petit Web

Procès antitrust, A. Dijk (Booking) : « Google, un dictateur bienveillant »

Qui ?
Fayrouze Masmi-Dazi, fondatrice du cabinet Dazi Avocats.

Quoi ?
La chronique de la 5° semaine, pour suivre pas à pas ce procès historique du web mondial (4° semaine ici, 3° semaine  ici, 2° semaine ici ,1° semaine là). L'avocate fera l'ouverture de la matinée Jardins ouverts jardins clos le 15 novembre, en racontant ce procès historique. Demandez-nous une place !

Comment ?
Cette cinquième semaine du procès antitrust de Google search se révèle plus light que les précédentes (deux journées d’auditions en moins).

Arjan Dijk, Senior VP et Chief marketing officer de Booking.com multiplie les attaques contre un Google que l’on voit décrit comme un « dictateur bienveillant » qui contrôle tous les accès aux tunnels d’investissements publicitaires, un « gatekeeper » en somme. Dick, ex Google, y décrit la relation unilatérale qui lie un annonceur comme Booking à Google, incontournable opérateur de la publicité en ligne, qui détient toutes les données outre tous les accès à celles-ci.

Sur le terrain de la privacy justement, l’un des avocats de la défense plaide que Google tente d’orienter le secteur de la publicité en ligne vers un mode plus respectueux de la vie privée et anticipe un avenir moins porté sur la donnée grâce à l’IA qui permettra de mieux cibler les publicités. Il nie que Google aurait tenté d’évincer ses concurrents et ralentie ses propres innovations en la matière. Des développements ont été consacrés au mode incognito, ses modalités de lancement et les données utilisées pour en évaluer la performance (qui semble faire l’objet d’une plainte distincte de consommateurs en Californie devant la désormais célèbre et incontournable Juge Yvonne Gonzalez Rogers qui donnera semble-t-il lieu à un procès début 2024).  

Depuis 2020, 28 % des budgets entrent dans l'opacité.
L’audition d’un expert désigné par le département de la justice américain Kinshuk Jerath, professeur à l’université de Columbia a apporté des éléments d’analyse intéressants sur l’absence de substituabilité du Search par rapport au Display du point de vue d’un annonceur. Mais aussi, les conditions dégradées d’investissement des annonceurs notamment à partir de 2020, date à partir de laquelle Google aurait octroyé moins de transparence sur la performance des mots clés de l’annonceur. Jerath indique que cela a conduit à opaciser environ 28% des budgets de campagne.

Enfin, les sujets récurrents de ce procès demeurent :
- l’importance du paramétrage par défaut,
- en particulier la rationalité et l’historique de l’accord avec Apple à 15-18 milliards de dollars annuels selon les sources (le montant est un secret bien gardé),
- l’omniprésence du moteur de Google,
- sa maîtrise des données,
- et les avantages que lui confèrent ses accords privilégiés avec les constructeurs.
Le juge Mehta jongle entre le maintien de la confidentialité de certaines pièces ou auditions, et une tendance à donner plus d’accès aux débats. Le département de la Justice américain arrive bientôt au terme de sa démonstration. Vont venir les plaidoiries des Etats qui poursuivent également Google. Puis  ce dernier aura la parole pour sa défense.  

Quitter la version mobile