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Pourquoi TF1 drague les geeks

Qui ?
Nicolas Theraroz, directeur technique d'eTF1.

Quoi ?
Un zoom sur la transformation en cours à la direction technique d'eTF1.

Comment ?

Corollaire de la transformation digitale en cours, de plus en plus d'entreprises commencent à ré-internaliser les fonctions techniques (lire notamment l'exemple d'AXA) : fini le temps où l'informatique était considéré comme une charge, c'est devenu un actif stratégique. Club Med fait figure de pionnier de ce mouvement, en rapprochant IT et marketing.

eTF1, la filiale numérique de TF1, suit ce mouvement, en musclant sa direction technique. "Nous avons dix recrutements ouverts à l'heure actuelle, explique Nicolas Theraroz, alors qu'historiquement nous avions beaucoup de prestataires en régie. L'externalisation peut sembler moins chère, mais à long terme, elle crée peu de valeur. Nous voulons capitaliser sur les gens, nous avons besoin d'expertises."

La direction technique se compose aujourd'hui de 70 personnes, réparties en trois pôles : études, développement et Ingénierie et Opérations internet. Sa mission : répondre aux besoins et aux exigences techniques de l’ensemble des plateformes digitales du groupe (portails web et applications "pure player" ou en relais de l'antenne) et garantir un service optimal pour les 1,3 milliard de vidéos vues chaque année. Avec une particularité : la gestion des pics d'activité générés par certains programmes. Le record : 4 millions de connexions à la fois, avec la diffusion de 265 000 flux vidéos simultanément, qui ont mobilisé 300 gigabits par seconde de bande passante.

L'internalisation n'est toutefois pas toujours possible, notamment quand il faut gérer des surcroîts de travail. Par exemple, entre trente et quarante développeurs sont intégrés à eTF1 mais ce chiffre a doublé le temps de la refonte du site MyTF1, sorti en mai 2015. Ce projet a été l'occasion de refondre aussi les processus, les méthodes de développement et l'architecture technique, avec l'abandon du PHP pour privilégier Node.js. "Nous sommes repartis de zéro, cela a été compliqué, mais le résultat est très positif, quand on sait tous les murs qui ont dû être cassés pour y arriver" résume Nicolas Theraroz. Dans cette nouvelle organisation plus agile, "moins monolithique", les chefs de projet tendent à devenir des "Scrum Masters", des "coachs" en charge de produits spécifiques, qui aident les équipes à travailler de façon autonome.

Les méthodes agiles rapprochent aussi davantage les équipes techniques des autres métiers du groupe. "La direction marketing d'eTF1 est assez technophile : ses membres ont besoin de comprendre pour ne pas juste déléguer à la direction technique. Ils ont aussi leurs propres partenaires technologiques, notamment sur l'exploitation des données, qui est un sujet hybride marketing/informatique." Parmi les chantiers en cours : la préparation de l'Euro 2016, la finalisation de la migration du portail eTF1 sur les box des opérateurs ou encore une réflexion sur la migration des hébergements du groupe dans le "cloud".

Malgré la diversité des sujets et la notoriété de sa maison-mère, eTF1 peine à recruter les bons talents, davantage attirés par le monde des start-up, où l'agilité est native. "Le recrutement est un vrai combat : TF1 est une marque puissante mais elle ne parle pas vraiment à cette cible-là, qui préfère le monde des start-up."

Benoit Zante

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