Qui ?
Loic Le Meur (LeWeb, business angel dans LinkedIn et une centaine de startups) , créateur d'une conférence mêlant digital et spiritualité, PAUA.
Quoi ?
Une interview, à l'occasion de la 2° édition de sa conférence Paua les 12 et 13 mai prochains à Station F à Paris (nos lecteurs qui s'inscrivent ici paient 450 € au lieu de 500, ou 225 € pour le samedi seulement). PAUA est aussi disponible intégralement en ligne pour 70 €.
Comment ?
Pourquoi cette idée étrange de mélanger AI, web3, chamanisme et savoir ancestral de tribus?
Sur les six dernières années, j'ai passé un an en tout dans la forêt amazonienne, sans viande, sans sucre, sans sel et sans sexe. Par périodes de trois mois , entièrement déconnectés sans Internet ou téléphone. Une diète totale, j’ai perdu 25 kilos. Une expérience très intense que malheureusement peu de gens peuvent vivre. Quand j'étais dans la forêt, je me suis demandé ce que je pouvais faire pour partager cette connexion extraordinaire avec la nature, et l'idée de refaire une conférence en mêlant les deux mondes s'est imposée. Il y a douze ans, LeWeb incitait les jeunes à devenir entrepreneurs. Aujourd'hui, Paua réunit les nouvelles technologies et le savoir ancestral dans une même salle. Tony Fadell, le père de l’iPhone et de Nest, ami de Xavier Niel et investisseur dans les startups, va côtoyer sur scène le réalisateur Jan Kounen, ou des indigènes Kogi, qui sortent pour la première fois de leur tribu. Nous avons aussi les Puyanawa qui viennent du fin fond de la foret Amazonienne au Brésil ainsi que Yat Siu, leader mondial du Web3 base a Hong Kong avec Animoca qui pèse plus de quatre milliards de dollars…
Qu'est ce qui relie ces deux populations ?
J’ai travaillé depuis cinq ans avec des tribus indigènes et découvert un savoir ancestral dont je n’avais aucune idée. Leur “jardin” dans la forêt amazonienne contient plus de 3,000 plantes médicinales. Ce sont pour moi des technologies anciennes que nous devons redécouvrir alors que l’intelligence artificielle se développe partout. Paua réunit un panel extraordinaire de scientifiques, académiques, philosophes, artistes, entrepreneurs et investisseurs de la Silicon Valley, tous conscients de la nécessité de se connecter à la nature. Mais aussi une compétition de start-ups dans l’univers de la conscience, l’IA et le Web3. Les applications de méditation par exemple représentent 4M$ sur l’AppStore Apple. La demande pour des solutions “spirituelles” ou “conscientes” au malaise mental ambiant explosent.
Comment avez-vous convaincu les Kogi de quitter la Colombie pour Station F ?
C'est effectivement l'une des tribus les plus fermées du monde, qui vivent en Colombie à trois jours de marche du premier transport. Ils se sont réunis pour savoir s'ils devaient participer à Paua. Ils viennent pour nous délivrer leur message. Nous avons dû leur faire leur passeport et ils vont voyager pour la première fois de leur vie, pour Paris.Les rares visiteurs sont accompagnés par un adolescent qui les suit partout pour s’assurer qu’ils ne disent rien. Ceux destinés a être des “Maitres”, les Mamos, passent dix ans dans une grotte et dans le noir. Leurs parents leur racontent la réalité. Et au bout de dix ans, ils sortent.
En chiffres, Paua, c'est quoi ?
C'est 400 personnes, qui viennent de 35 pays. Mais aussi des centaines de demandes d'interventions et une communauté de 750 personnes sur WhatsApp avec un Zoom call par semaine. La communauté nous a d'ailleurs aidés à définir le thème de la deuxième édition : Natural intelligence VS artificial intelligence. Qui reflète un certain équilibre dans le programme, à moitié AI, et à moitié “conscience et spirituel”.
Comment réagit le marché à cette nouvelle proposition ?
Les journalistes français ne comprennent pas ce qu'on fait. Petit web est le seul à parler de cette initiative. Quant aux entreprises, peu de grandes sociétés comprennent l'enjeu, pour le moment. J’espère qu’elles nous rejoindront cette année... Animoca (Web 3) et Deloitte sont des pionniers en nous soutenant. Nos participants sont très impliqués et sont à l’origine de nombreux projets pour la planète ou la santé mentale. Parmi les ateliers qui ont cartonné l'an dernier, celui sur le business conscient. Nous avons aussi des cercles féminins et masculins qui se réunissent toutes les semaines.
Animoca développe des jeux sur blockchain. Vous même avez essuyé les plâtres des crypto…
J'ai vécu l'éclatement de la bulle de 2000, de 2008, de 2023. Ce que j'ai appris dans ces circonstances ? L'éclatement corrige des valorisations aberrantes, mais pendant ce temps, les transformations fondamentales se poursuivent. Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. On va traverser trois ans de désert, mais c'est un mouvement de fonds. J'ai perdu pas mal d'argent dans les crypto monnaies comme tout le monde, mais je continue à investir, juste beaucoup moins. L’AI va changer le monde mais probablement aussi créer une autre bulle avant de croitre normalement. L’Internet ne s’est pas arrêté avec la bulle de 2 000.