Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Les recettes d’eFounders pour lancer 4 start-up par an

Qui ?
Thibaud Elziere, co-fondateur d'eFounders et ancien co-fondateur de Fotolia, vendu à Adobe en 2015.

Quoi ?
Le point sur le modèle eFounders, start-up studio à l'origine d'une dizaine d'entreprises depuis sa création en 2011.

Comment ?

Lancé discrètement en 2011 par Thibaud Elziere et Quentin Nickmans, eFounders commence à faire parler de lui de façon régulière... Ou plus exactement, ses start-up font l'actualité : Front (outil de gestion collaborative de la messagerie en entreprise) vient de lever 10 millions de dollars aux Etats-Unis, après un passage par Y Combinator ; Mailjet s'est imposé en quelques années comme un acteur crédible dans le domaine concurrentiel de l'e-mail marketing ; trois nouvelles start-up (Hivy, Spendesk et Illustrio) sont sorties récemment de la phase de "build"... "Et les choses vont encore s'accélérer" prédit Thibaud Elziere. Depuis dix-huit mois, le "start-up studio", installé dans les anciens bureaux de Captain Train à Paris, a décidé de passer la vitesse supérieure. Jusqu'alors, il lançait une ou deux start-up par an. Désormais, l'objectif est passé à quatre.

efounders

Le modèle est maintenant rodé : eFounders reste concentré sur un secteur, celui du BtoB, pour des entreprises de 20 à 2000 personnes, avec des services facturés quelques centaines d'euros par mois en mode SaaS (software as a service). "Les grands comptes et les particuliers ne nous intéressent pas. Nous tenons à nous concentrer sur cette verticale très précise, car pour créer de la valeur ajoutée et de la mutualisation, il faut un effet de réseau et d'accumulation de savoir. C'est aussi un domaine où il est possible de créer des licornes - comme Slack, par exemple." Et si la start-up n'atteint pas les étoiles, elle peut toujours continuer à vivre confortablement, car elle repose sur un modèle générateur de revenus dès ses débuts.

"Nous avons en permanence 4 ou 5 nouvelles idées que l'on teste autour de nous. On prend plein de paris, sur les applications et les usages de demain, sans copier ou s'inspirer de ce qui peut exister ailleurs. Les prochaines boites auxquelles on pense en ce moment devraient sortir vers la fin de cette année." Une fois l'idée validée et les co-fondateurs recrutés parmi la centaine d'entrepreneurs qui frappent maintenant chaque semaine à la porte du studio, le projet passe en mode "build", pour créer le produit, mettre au point des pilotes et trouver le "market fit".

Si cette première phase est concluante, ce qui arrive dans la quasi-totalité des cas (à l'exception d'un seul projet avorté en cinq ans), les équipes d'eFounders déclenchent la phase marketing, renforcent le produit et améliorent sa sécurité, tout en cherchant à lever des fonds. "L'objectif est que les boites deviennent rapidement indépendante, à la fois financièrement et opérationnellement". Pendant tout ce processus de 18 mois environ, une "core team" d'une quinzaine de personnes travaille pour toutes les entreprises du studio, avant d'être remplacée par des équipes dédiées.

La démarche est proche du modèle de Rocket Internet (le start-up studio à l'origine de Citydeal, racheté par Groupon, Zalando ou Jumia), mais Thibaud Elziere n'aime pas la comparaison : "Rocket Internet a évangélisé la notion de start-up studio, mais nous a aussi desservi : eux recherchent des managers pour dupliquer des modèles existants rapidement, pas des entrepreneurs." Chez eFounders, les entrepreneurs à la tête des entreprises sont des co-fondateurs à part entière, même s'ils ne sont pas à l'origine de l'idée. "En termes de capital, ils détiennent autant de parts que s'ils se lançaient seuls, avec des associés et une petite levée de fonds. Chez nous, l'équipe à la tête de la start-up, généralement deux co-fondateurs, reçoit 50% des parts." De son côté, eFounders évalue à 800 000€ son apport aux start-up lancées.

Les profils des co-fondateurs sont variés : un entrepreneur expérimenté chez Spendesk (gestion des notes de frais), un ancien développeur freelance chez Forest (outil de création d'interfaces admin), un ancien consultant chez Aircall (logiciel de téléphonie et call center), un leveur de fonds chez TextMaster (place de marché de traducteurs), etc. "Un bon entrepreneur, c'est quelqu'un qui est à la fois capable de bricoler au début pour lancer la boite, puis de la construire, en recrutant les bonnes personnes, mettant en place des process et levant des fonds" estime Thibaud Elziere. Un mouton à cinq pattes ? "Il nous est déjà arrivé de changer d'équipe en cours de route, car il ne s'agit pas exactement des mêmes profils pour ces deux étapes."

Les entreprises créées jusqu'à présent cumulent 250 emplois et 100 millions d'euros de valorisation. Mais aucune n'a encore été vendue. "eFounders n'a pas encore généré un euro de Chiffre d'Affaires. Dans notre domaine, il faut environ 8 ans avant d'opérer une sortie." Les quatre premières années d'eFounders ont été financés par Thibaud Elziere et Quentin Nickmans. En 2015, ils ont été rejoints par un autre ancien de Fotolia, Oleg Tscheltzoff, qui a injecté 5 millions d'euros. "Nous regardons pour lever de l'argent à nouveau, mais si on le fait, ce sera auprès d'un réseau d'entrepreneurs. Notre modèle consomme du cash, mais de façon modérée : nous n'avons pas besoin de 50 millions d'euros." Parmi le portefeuille d'eFounders, Front, qui tente désormais l'aventure américaine, sera-t-elle la licorne ? "Pour l'instant, c'est quasiment la plus petite de nos start-up en termes de Chiffre d'Affaires, mais comme elle s'attaque au marché US, elle connait un fort engouement, avec une belle levée de fonds et une super croissance." A suivre...

Benoit Zante

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