Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Comment OuiCar compte croître à grande vitesse avec la SNCF

Qui ?
Marion Carrette, fondatrice de OuiCar.

Quoi ?
Une interview, 3 mois après l'acquisition par la SNCF de 75% du capital de la start-up.

Comment ?

- En juin 2015, la SNCF a investi 28 millions d’euros dans Ouicar, devenant ainsi son actionnaire majoritaire. Quelles sont les perspectives pour OuiCar ?

Cette levée apporte une puissance financière pour accélérer, grossir et recruter.Elle ouvre aussi des possibilités de partenariats industriels complets. La SNCF était déjà un de nos actionnaires, via le fonds Ecomobility et suivait nos résultats. L'investissement direct était logique : le porte-à-porte au cœur de sa stratégie. OuiCar vient compléter le panel des nouveaux services de mobilité développés par la SNCF, comme ZipCar ou IDVroom (covoiturage de courte distance). 30% à 40% des locations de voitures se font en gares ou en aéroports. Or, sur 3000 gares en France, 150 seulement proposent des solutions de location de voitures. De nombreuses pistes de collaboration sont à l'étude, par exemple avec les parkings Effia des gares.

- Comment se met en place la collaboration avec la SNCF ?

OuiCar est resté autonome, avec ses propres locaux. La SNCF siège au conseil d’administration et opérationnellement, c'est Hervé Richard qui s'occupe de la coordination avec le groupe. Il est identifié depuis longtemps en interne comme "Monsieur Porte-à-porte", c'est lui qui nous met en contact avec les bonnes personnes au sein de la SNCF. Pour l'instant, nous échangeons avec toutes les équipes du groupe mobilisées sur le porte-à-porte pour identifier tous les projets qu’il est possible de mener ensemble. C’est très dynamique, les gens sont partants et ont plein d'idées. On filtre et on réfléchit aux différentes solutions d’intégration.

- Qu’est-ce qui se profile ? Une intégration du service sur les plateformes web et les applications SNCF ?

Nous ne sommes qu'en phase de réflexion. L'expérience utilisateur de OuiCar est très différente de celle de la SNCF. Le service est communautaire, avec des interactions entre particuliers. Cela signifie par exemple que ce n'est pas du temps réel : pour louer une voiture sur OuiCar, il faut attendre la réponse du propriétaire. Et puis, quand on est une start-up, la priorité est de se concentrer sur sa croissance et le développement de son activité. Le reste, c'est du bonus. Dans un premier temps, nous allons sûrement retenir deux ou trois projets de collaboration rapides et faciles à mettre en place. Notre tempo, c'est le court-terme. Quand on est une équipe de 30 personnes, on ne peut pas se permettre de s'éparpiller.

- Quels sont les fondamentaux pour qu’une collaboration entre un grand groupe et une start-up se passe bien ?

Il faut garder en tête le rythme de l'autre. Sinon on sous-estime des délais de réalisation des projets et les complications inhérentes à l'organisation d'un grand groupe. Les règles et la manière de collaborer doivent être posées au préalable, pour ne pas être assailli par des centaines de personnes par jour. Je conseillerai aussi de n’y aller que si le projet est cœur de métier pour les deux. Attention aux acquisitions ou partenariats "nice to have" pour les groupes. La collaboration doit soutenir le business model et la croissance de la start-up, pas devenir une activité à côté. Si on croit en son modèle, il faut se focaliser dessus. J'ai du décliner par exemple une proposition de Total (aussi actionnaire via le fonds Ecomobility) de monter une flotte d’entreprise Ouicar.

- Quel est le focus actuel de OuiCar  ?

Développer notre service et faire grandir la communauté d'utilisateurs. Une campagne TV est passée cet été pour recruter des propriétaires. C’est super pour toucher les gens, mais c'est extrêmement cher ! Le reste de notre communication est sur le web, j’ai pris l’habitude de savoir au centime près où va l’argent qu'on investit. En TV on ne sait pas trop. La campagne est passée fin juin et je n’ai pas encore les résultats.

- Drivy a déjà commencé son développement à l'international en rachetant Autonetzer en Allemagne en mai 2015. Vous y songez aussi ?  

Nous voulons une expérience parfaite à 100% avant d'attaquer l'international. Aller à la conquête de plusieurs marchés, c'est déployer beaucoup d'énergie dans toutes les directions. Je pense que Drivy s'est lancé un peu trop tôt. L'expérience est centrale dans la construction du produit et de la communauté. Même une fois qu'un utilisateur est sur la plateforme, la bataille n'est pas encore gagnée, il faut le convaincre de faire une première location assez rapidement. Sinon, c'est fichu. Le mobile et la dématérialisation sont des leviers pour gommer les contraintes de la location entre particuliers. Les propriétaires qui louent régulièrement leur voiture doivent ainsi établir à chaque fois un contrat et un état des lieux. Pour leur faciliter la vie, nous travaillons aussi sur un boitier à placer dans la voiture pour permettre à celui qui loue de récupérer la voiture, sans qu'une rencontre pour l'échange de clé ne soit nécessaire.

- OuiCar transforme à sa manière les automobiles en voitures connectées ?

Si on attend que les constructeurs se mettent d'accord sur les normes, on peut attendre longtemps ! Le boitier sera proposé aux propriétaires réguliers, à un prix attrayant + abonnement mensuel. On est encore en test et il reste quelques ajustements à faire. Avec ce système, le smartphone ouvre la voiture. Il faut donc s'assurer que cela fonctionne même en parking sous-terrain par exemple. Pour éviter les pannes de batterie, nous allons placer des chargeurs dans les voitures. Enfin pour moi la vraie voiture du futur, c'est le modèle de la Google Car : un service public comme le bus qui calculera l'itinéraire optimal pour déposer tout le monde à destination en faisant le moins de route possible.

Propos recueillis par Monelle Barthélemy

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