Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Iris Capital, le fonds d’Orange-Publicis : ad-tech, oui, mais pas que

Qui ?
Gil Doukhan, Investment manager chez Iris Capital, et l'un des rares VC à avoir décroché un Lion à Cannes (quand il était chez Marcel).

Quoi ?
Un zoom sur le modèle et la stratégie du fonds Iris Capital, qui, cinq ans après avoir levé 300 millions d'euros auprès d'Orange et Publicis en 2012, lève de nouveau 250 millions d'euros pour son fonds Iris Next.

Comment ?

Iris Capital a été créé en 1986 à Paris, dans le giron de la Caisse des Dépôts, mais ce n'est qu'en 2012 que l'apport de 300 millions d'euros par Publicis et Orange met le fonds sur le devant de la scène. Scality, Talend, Netatmo, ADjust, PlaceIQ, Mopub (vendu à Twitter), Mister Auto (vendu à PSA), Fastbooking (vendu à AccorHotels)... au total, le fonds a pris des participations dans une soixantaine d'entreprises de l'économie numérique en cinq ans. Avec les nouveaux investissements d'Orange et Publicis, rejoints par Valeo et BRED Banque Populaire, Iris Capital dispose maintenant de 250 millions d'euros supplémentaires.

Gil Doukhan, un ancien directeur de Clientèle chez Marcel, une agence du groupe Publicis, y est notamment en charge du secteur "ad-tech" : sa présence à Cannes pour les Lions, le festival international de la créativité n'est donc pas un hasard. "Avec Orange et Publicis, on draine forcément un certain type d'investissement, donc beaucoup d'ad-tech, mais cela ne veut pas dire qu'on ne s'intéresse qu'à cela" explique-t-il.

Le spectre d'investissement du fonds est en effet très étendu : Industrie 4.0, Internet des objets, cybersécurité, réseaux 5G, Intelligence Artificielle, Big Data, Cloud, logiciels... Le niveau de maturité des entreprises ciblées est tout aussi large, de l'amorçage jusqu'à la dernière levée avant une introduction en bourse, avec des tickets entre 50 000 et 20 millions d'euros. "On ne fait que du digital, mais tout le digital, à partir du moment où une entreprise a besoin d'être accélérée" résume Gil Doukhan.

Le fonds a réussi à se faire une place dans les tours de tables hors de l'hexagone, souvent à l'invitation de fonds américains ou israéliens, attirés par les possibilités de connexion avec Orange et Publicis. "Nous sommes les seuls à avoir des tickets aussi importants de la part de "corporates",  ce qui permet de développer des relations et des synergies. Aux Etats-Unis, nous arrivons comme cela à convaincre les entrepreneurs intéressés par une relation avec Publicis et Orange." Mais le fonds ne s'engage pas sur des synergies entre les start-up et ses investisseurs : son rôle est de faciliter les connexions : "nous leur faisons gagner 3 mois, car nous connaissons les bons interlocuteurs." Un atout que le fonds met aussi au service des start up rencontrées dans lesquels il n'investit pas, pour peu qu'elles soient pertinentes.

Pour Gil Doukhan, Cannes est l'occasion de voir les entrepreneurs de son portefeuille (Adjust, Adomic, Armis, Holimetrix, CrossEngage, PlaceIQ,...) tout en repérant les tendances clé du marché. "Il y a énormément de techno très fortes dans le domaine des données, mais on se rend compte que l'on a beau avoir les meilleures informations sur les gens, si on n'a pas le bon message, ça ne fonctionne pas. Beaucoup de solutions cette année se focalisent sur la créa alliée à la data, ou sur l'adaptation des formats des grands de l'adtech, pour les proposer sur toutes les plateformes. Snapchat, par exemple, a des formats innovants en Réalité Augmentée. Maintenant comment fait-on pour que tout le marché puisse en bénéficier ?"

Autre sujet d'inquiétude : la GDPR, la nouvelle réglementation sur les données qui sera mise en place en Europe en 2018. "On fait toujours très attention à ce sujet, comme sur la dépendance envers une plateforme, pour ne pas investir dans quelque chose qui n'aura plus aucune valeur demain." Le fonds en sait quelque chose : en 2013, l'un de ses premiers investissements était AppGratis... juste quelques mois avant qu'Apple n'exclue cette application de son appstore (lire notre article de l'époque).

D'ailleurs, l'investissement dans l'"ad-tech" a-t-il encore un sens alors que le marché est dominé par Google et Facebook ? Aux Etats-Unis, le nombres de levées dans le secteur a déjà diminué de 17% en 2016, selon le Financial Times. En tant qu'investisseur, Gil Doukhan est plutôt confiant : "Les grandes plateformes prennent une très grosse part du gâteau et ne laissent que des miettes aux autres, mais ces miettes font quand même un marché important. Ce n'est pas parce que ce sont des boîtes d'ingénieurs qu'elles peuvent tout faire. Et puis, elles rachètent beaucoup de sociétés, donc c'est une opportunité en termes d'investissement."

Reste un petit souci : "on ne pourra pas tout vendre à Facebook et Google" reconnait-il. Et à Publicis et Orange ? "Une chose est claire : le fonds n'est pas l'antichambre de leur M&A. Le but n'est pas d'investir dans des start-up qu'ils pourraient racheter." Et auprès d'autres groupes européens ? "Le problème en Europe, c'est que les grands groupes regardent les acquisitions avec des multiples purement financiers, alors que les américains font aussi de leurs gros deals des éléments de communication. Avoir de l'argent en Europe pour lever des fonds n'est plus un souci, mais nous n'avons pas encore trouvé la solution pour y faire des sorties à prix d'or." Ce sera le défi des cinq prochaines années.

Benoit Zante

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