Qui ?
Hervé Simonin, PDG de Linkfluence, spécialiste de l'analyse des réseaux sociaux, avec des clients comme Danone, Sanofi, Orange, Accor, McDonald’s ou Groupama.
Quoi ?
Une interview, alors que l'entreprise vient d'annoncer son arrivée sur le marché chinois avec le rachat d'ActSocial.
Comment ?
- Vous venez de boucler l'acquisition d'ActSocial, basé à Singapour et Shanghai. Pourquoi ce choix d'aller vers la Chine, plutôt que, au hasard, vers les États-Unis ?
En Chine, 73% des consommateurs consultent les avis en ligne avant un achat et 84% leur font confiance à propos d’une marque ou d’un produit. Le pays représente un tiers des connexions internet dans le monde. Les réseaux sociaux et les usages y sont complètement différents. Prenons l'exemple de Danone [lire notre article sur le sujet] : le groupe utilise notre technologie aux Etats-Unis, avec l'accompagnement de nos équipes à Londres, de culture anglo-saxonne. Pour la Chine, le groupe a émis le souhait d'y utiliser aussi nos outils. Cette demande, nous l'avons entendue de la part de plusieurs clients : le luxe ou l'automobile ont aussi fait de l'Asie leur priorité.
- Que vous apporte cette acquisition ?
C'est un changement très important pour Linkfluence : cela nous permet d'accompagner nos clients à l'international et de leur ouvrir une fenêtre sur l'Asie. Il n'y a que 5 sociétés dans le monde qui ont accès au Firehose [l'intégralité des données] de Sina Weibo, et ActSocial en fait partie. En plus de donner accès à la donnée chinoise à nos clients, nous apporterons aussi une vraie compréhension des usages, grâce à nos équipes locales. Les ADN de nos deux sociétés sont très proches : nous utilisons les mêmes bases technologiques et avons la même culture de la data intelligence.
- Comment va se dérouler l'intégration de la trentaine d'employés d'ActSocial ?
L'intégralité du top management - des profils internationaux - va être conservé. Le middle management, aussi : ce sont des salariés principalement chinois, thaïlandais et indonésiens. Au 31 décembre, ils auront entièrement basculé sur nos outils et auront changé de marque.
- Au-delà de cette acquisition, comment vous démarquez-vous alors qu'il y a plus de 300 sociétés de monitoring des réseaux sociaux dans le monde ?
Notre principal élément de différenciation tient dans cette articulation entre intelligence logicielle et intelligence humaine, face à des généralistes comme Oracle ou Adobe ou des pure-players comme Sprinklr et Brandwatch. Nous sommes les seuls à avoir un département de planning stratégique, avec des gens qui viennent du monde de la publicité : nous nous concentrons avant tout sur l'amélioration de la connaissance du consommateur.
- Comment a évolué votre métier ces dernières années ?
Notre métier est d'éditer des logiciels spécialisés dans le Big Data et l'analyse des informations récupérées sur internet et les réseaux sociaux. Au total, nous agrégeons 300 millions de sources, y compris des sources offline, puisque nous venons d'intégrer les médias print à notre outil, grâce à l'acquisition de Die Medialysten en juin dernier. Il y a quelques années, quand on discutait avec des directeurs marketing, ils avaient davantage confiance dans les approches traditionnelles, quali et quanti. Les usages ont évolué et nous sommes désormais dans des démarches complémentaires. Pour simplifier, les marques détectent les insights consommateurs via le social media listening, puis valident ses actions par des études quali et quanti.
- Quelles sont vos ambitions en termes de croissance dans les années à venir ?
L'acquisition d'ActSocial porte Linkfluence à 160 personnes dans le monde, alors que nous étions à peine une vingtaine début 2013. Nous avons réalisé +100% de croissance entre 2014 et 2015, pour atteindre 15 millions d'euros de CA cette année. Et nous comptons bien continuer à croître de la même façon à l'avenir.
Propos recueillis par Benoit Zante
