Newsletter du Lundi
11/12/23

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Les indiscrets du 7 juin

--> Que retenir de la passionante journée organisée par Net Expo à Bercy, sur la souveraineté numérique, jeudi dernier  ? Nous n'avons assisté qu'à la matinée. Ce qui nous a frappé : Cedric O a cité Dassault Système comme grand acteur du secteur. Une reconnaissance très tardive : en effet c'est à Microsoft que le secrétaire d'Etat au numérique a confié le traitement des données de santé des Français. En avril dernier, Bernard Charlès, le patron de Dassault Système, avait apostrophé le Président Macron lors du lancement du Campus de santé numérique en lui faisant remarquer que sa société avait racheté la société Medidata pour 5 Md€ et qu’elle n'avait pas été consultée lors de la conception du Health Data Hub finalement hébergé par Microsoft...Si , par exemple, Mediadata avait été consultée, et choisie, une filière européenne de traitement de big data aurait alors été créée...

--> Laure Belluzzo CEO de Crédit agricole Technologie Service a résumé ces enjeux dans la phrase. "Notre métier, c'est la confiance. Nous ne craignons pas la concurrence des GAFAM s'ils exercent a même activité, avec les mêmes règles et le même régulateur. Les GAFAM sont déjà puissants. Si nous ne sommes pas vigilants, cet écart sera irréversible". Pour la CEO, il y a 3 risques :
-la perte de compétence et la dépendance technologique ;
-Le risque financier : les géants américains ont cru de 50 % cette année.
-Le risque d’image, avec le  cloud act
Michel Ganzin est DGa du Crédit Agricole  et président groupement GIE Carte Bancaire, il a évoqué la souveraineté sur le paiement. Avec  10 Mds d' opérations, le Crédit Agricole a  25 à 30 % de  PDM en France et  7 à 10 % au niveau européen. Pendant le confinement, le paiement sans contact est devenu un geste barrière. "Nous avions mis 18 mois pour passer de 20 à 30 €, avec des experts présents sur  nos sites. Et là, nous sommes passés à 50€ en quelques semaines, pour être opérationnels au premier déconfinement , le 11 mai." Mais avec Apple, la souveraineté du paiement a été mise à mal. "Apple bloque son NFC. Paylib n'était donc pas accessible aux possesseurs d'iPhone, qui ne pouvaient payer qu'avec Apple Pay.25 % des Français ne pouvaient pas payer en proximité sans contact, sauf à utiliser la solution d'Apple". Le député Pierre Alain Raphan (LREM) a déposé une proposition de loi, car "le Digital Market Act est un temps trop long. Les Allemands ont déjà légiféré. Il ne faut pas se contenter de parler, il faut agir". L'EPI, qui promeut un paiement paneuropéen, lancée en juin dernier embarquerait les Wallet. Avertissement final : "Le paiement est un sujet de société. Nous avons raté Money, il y a dix ans. Il faut réussir le tournant aujourd'hui. Nous n'aurons pas d'autre chance en 2031."

--> Luc Julia, qui a rejoint Renault pour occuper de la data de la Silicon Valley. Pour le père fondateur de Siri, son travail à Renault, c'est "être au service des gens, leur dégager du temps; Mais pas pour qu'ils regardent les écrans." Pendant cette journée, es DSI des grandes sociétés ont fait montre de pragmatisme. Frédéric Vincent, DSI du groupe Renault a résumé le sentiment général :  « Il serait suicidaire de s’interdire de travailler avec des acteurs non européens » .  Même si Laure Belluzzo, CEO de CATS  modère : "Il faut  éviter fuite en avant. De temps en temps, une solution US peut faire gagner du temps mais il faut mesurer les risques , la réversibilité , savoir s'il existe une  alternative, si ca ne me convient plus". Entre développement interne, outils européens, et grandes plateformes US, les décisionnaires composent un lego savant.

--> Toujours lors de cette matinée, le sociologue Brice Laurent est revenu sur l'expérience de souveraineté numérique de l'Estonie. Ce petit pays, doté d'un encombrant voisin, la Russie, s'est fait connaitre avec la X Road, son service centralisé de données des différentes administrations. "Avec la carte d'identité numérique et le vote sur internet, l'Estonie a inventé un nouveau contrat social." Non sans embuches. En 2007, le déplacement d'une statue d'un soldat de l'armée rouge a ému les 20 % de Russes qui peuplent le pays. Une cyberattaque s'en est suivie, rendant les sites bancaires et publics inaccessibles. Aujourd'hui, Talinn accueille un centre de cyberdéfense. Le pays tente de se fabriquer un Etat sans territoire, au cas où son territoire serait de nouveau envahi. La E Residence permet à des entrepreneurs non estoniens et qui n'habitent pas là de bénéficier de services de l'Etat. L'Etat compte ainsi plusieurs milliers de résidents numériques et constitue ainsi  un réseau d'alliés qui peuvent se mobiliser en cas de cyber attaque ou d'attaque militaire. Enfin, un accord passé avec l'Etat du Luxembourg porte sur une sorte d'ambassade numérique de l'Etat, qui comporte toutes les données de l'Etat à un instant T. Ainsi, si le pays est envahi, puis libéré, il pourra se refonder à partir de ces données. "C'est une façon de se raccrocher à son Histoire. Ce pays, quand il s'est libéré du joug soviétique, a fait comme si cette période n'avait jamais existé". La façon de s'inspirer de ce modèle pour la France ? "Ce pourrait de fonder le fameux cloud de confiance dans un contrat social numérique, avec les valeurs que notre Etat veut défendre".

 

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