Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

L. Menget : « Franceinfo a vocation à être sur tous les écrans et toutes les enceintes »

Qui ?
Lucas Menget, ancien grand reporter, désormais Directeur Adjoint de la rédaction de Franceinfo,en charge de l'édition et la diffusion des contenus.

Quoi ?
Une interview, à l'occasion de l'édition 2018 des Napoléons à Val d'Isère, où Lucas Menget intervenait.

Comment ?

- Vous passez d'ancien reporter de guerre, à acteur de la transformation de Franceinfo : pourquoi avoir fait ce choix ?

Après 10 ans de radio, puis 10 ans de télé, je suis revenu à la radio à un moment où ce média se transforme. Surtout, Franceinfo a créé un média qui est à la fois télé, numérique et radio... Je fais partie d'une génération de reporter de terrain qui arrive à des fonctions de management : notre expérience, le fait que nous ayons été confrontés à des situations de grande peur ou de stress, signifie que nous avons aussi une capacité à emmener, convaincre, embarquer des gens. Nous pouvons être de bons accompagnateurs du changement. Quand on est habitué à évoluer dans les rues d'une ville dangereuse, on ne passe pas trois heures à savoir si on doit aller à droite ou à gauche, on avance. Ce sont des compétences utiles dans le cadre de la transformation numérique.

- Comment combattez-vous les peurs qui accompagnent cette transformation numérique ?

La peur du changement est normale, c'est aussi un moteur. On ne fait rien de bien sans peur : c'est lorsque l'on n'a pas conscience des dangers qu'on fait des conneries. Accompagner ces changements passe nécessairement par la formation et l'intégration de nouveaux métiers. Nous réfléchissons donc à ce que sera Franceinfo dans les dix années qui viennent. Aujourd'hui Radio France n'est plus seulement la maison de la radio, on y trouve maintenant tous les métiers autour de l'image. Mon rôle est d'accompagner cette évolution progressive.

- Franceinfo a la particularité d'être à la fois une radio et une chaîne de la TNT : est-ce que c'est facile de gérer cette double modalité ?

Il faut sortir de la fascination pour les écrans ou les enceintes. Nous voulons que Franceinfo devienne la première marque d'information globale. Cela signifie qu’il faut se recentrer sur ce qu’on sait faire : fabriquer de la très bonne information. Ensuite, la diffusion devient évidente. La technologie ne doit pas devenir bloquante. Nous devons accepter l’aide et les compétences de techniciens et de scientifiques, pour ne pas nous laisser absorber par des peurs techniques.

- Les annonces récentes de Facebook ne vont pas dans le bon sens pour les médias... Que pensez-vous du rôle des plateformes, comme Facebook ou Google, et demain Amazon, qui ont toujours une approche ambiguë avec l’information ?

Nier le rôle des plateformes, ce serait comme nier l'imprimerie à l’époque du papier. Elles sont là et nous diffusons donc dessus, mais toujours avec une question en tête : comment faire en sorte que les contenus et l’information que nous y diffusons aient la place qu’ils méritent ? Les populations les plus jeunes s'informent uniquement par ce biais et n'allumeront probablement plus jamais un poste de radio traditionnel. Cette révolution, nous devons l'accompagner. Dès le début de Franceinfo, il y a eu une volonté de viralité, sur tous les canaux, pas seulement sur Facebook.

- Sur ces plateformes, vous vous retrouvez souvent en concurrence avec des "fake news"...

Le sondage que nous avons publié récemment sur le rapport des Français aux théories du complot nous rend très modestes. C'est effrayant : à chaque fois qu'on a l'impression d’avoir remporté une étape, on se rend compte qu’il faut en fait aller plus loin... L'enjeu maintenant est d’avoir une alliance entre les spécialistes de l'information et des scientifiques, comme des neuroscientifiques et des spécialistes des systèmes cognitifs. On ne peut plus avancer sans eux. Nous avons longtemps pensé qu'il suffisait d'être sur le terrain, d'avoir la bonne info et la bonne édition pour que tout circule bien... alors qu'en fait, il y a bien d’autres paramètres à prendre en compte. Les sujets de la création des fake news, de leur circulation et de l’intelligence artificielle ne sont pas des enjeux de demain, il faut absolument que l'on accélère dès maintenant.

Que fait Franceinfo pour lutter contre les fake news ?

Depuis deux ans, nous avons une équipe d'une quinzaine de personnes au sein de l'Agence France Info, qui est chargée de vérifier les informations : elle fonctionne 7 jours sur 7, pour le web, pour la télévision, pour la radio, pour Franceinfo et pour les autres médias de Radio France. Chez Franceinfo nous avons aussi choisi de ralentir le rythme : dès qu'il y a le moindre doute, nous prenons le temps d'attendre que l'information soit validée.

- Les assistants intelligents et les enceintes connectées sont en plein boom : comment vous y préparez-vous ?

La période est propice pour la radio – ce qui reste notre métier de base. J'ai l'impression qu'il y a un retour à la valeur du son. Les enceintes connectées en sont un exemple, mais pas le seul. Pour l'information en continu, les podcasts ne sont pas pertinents : personne n’a envie d’écouter le journal de la matinée le soir. La radio a été conçue avec une grille linéaire, mais nous sommes en train de travailler sur une offre délinéarisée. Franceinfo sera bien sûr présente sur les plateformes vocales : notre média a vocation à être sur tous les écrans et toutes les enceintes.

Propos recueillis par Benoit Zante

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