Site icon Petit Web

TV connectée : « penser aux 90% qui n’interagissent pas »

Qui ?
Simon Staffans, développeur de formats interactifs à Média City, en Finlande. 20 ans d'expérience dans les médias, dont 15 dans les médias traditionnels (radio, télé, presse).

Quoi ?
Le #5 de la série "Around the Transmedia World", de Laurent Guérin, en version intégrale et non sous-titrée ici.

Comment ?

Qu'est ce que Media City ?
C'est une entreprise un peu étrange, unique au monde,  de 14 personnes. C'était au départ une école pour les journalistes mais c'est devenu une institution indépendante depuis 2002. Nous sommes détenus par une université. Il y a le département "développement de format" et le laboratoire "user experience" dans lequel nous testons nos produits (portails web, films journaux, applis), grâce à des appareils très élaborés comme ces casques qui analysent l'activité du cerveau. Un studio de télévision de 450 mètres carrés complète l'ensemble.  Nous testons des portails web, des films, des journaux, des applis, des casques qui lisent les mouvements du cerveau. Les formats que nous développons doivent pouvoir être exportés dans le monde entier mais ils doivent aussi fournir des sujets de recherche au laboratoire, en particulier sur la façon dont les gens s'engagent dans les formats transmédia. La meilleure définition du transmédia a été donnée par Andréa Philips : "un projet dans lequel le public peut chercher et trouver différents éléments narratifs qui reconstituent l'histoire dans son intégralité".

Quels sont vos formats les plus connus  ?
Certainement The Space Trainees, nominé aux Digital Emmy Awards l'an dernier. C'est un projet qui a démarré pour la télévision interactive et les box. Mais nous avons découvert rapidement qu'il était difficile d'interagir avec la télé au travers des set up boxes car 10 % seulement des gens interagissent avec la télévision en live. Pendant qu'ils interagissent, les 90 % qui sont passifs doivent avoir quelque chose à regarder. Mais il ne doit pas se passer trop de chose car sinon les 10 % qui interagissent sont perdus dans le déroulement de l'histoire. Nous avons donc abandonné le champ de la set top box et exploré celui du cross média. Nous avons donc construit un show avec des jeux d'action, des jeux de langue et beaucoup d'humour. Nous avons ensuite construit un portail où les jeunes pouvaient aller jouer à des jeux avec leurs amis tout en regardant le show. Cela a été diffusé deux saisons sur FST5 et aujourd'hui distribué par Delphis au Canada.

Nous avons aussi consacré beaucoup de temps à The Mill sessions, un show musical où les artistes viennent retrouver leur âme de musicien, en oubliant les paillettes. L'histoire du moulin fait aussi partie de ce programme.

Comment atteindre l'équilibre financier ?
Trouver des sources de revenus est aussi important que de créer du contenu de qualité. Autour des Mill Sessions, nous avons inventé un nouveau concept financier, avec de multiples partenaires qui paient pour des contenus exclusifs et non exclusifs. C'est distribué en télé hertzienne, en IPTV, VOD, Youtube et sur le portail. La télé sur IP a financé, tout comme le label musical, les éditeurs de DVD, la chaine de télévision nous donne une case de diffusion. Tout cela additionné a financé la première saison. Le format publicitaire du 30" est toujours là. Mais il ne durera pas éternellement Nous devons donc étudier d'autres sources de financement, avoir différents partenaires en amont et ne pas hésiter à leur céder des pourcentages de la production. Avoir 60% de quelque chose est mieux qu'avoir 100 % de rien.

Les marques et les diffuseurs n'évoluent pas à ce rythme...
C'est vrai. Quand vous travaillez sur du transmédia et voulez vendre à un diffuseur classique, vous ne devez pas le vendre comme un format transmédia.Vous devez donner aux décisionnaires le moins de raisons possible de dire non.

Vos conseils ?
Miser sur le "crowd funding", comme l'a fait Adrian Hon avec Zombies, run. Demander de l'argent aux gens pour votre production est une bonne manière de les tenir au courant de vos projets, de bâtir une base de fan, c'est aussi un argument pour convaincre des diffuseurs. Ca peut même vous faire gagner de l'argent !

Quitter la version mobile