Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Le crowdsourcing en route vers le commerce équitable

Qui ?
Grégory Nicolaïdis, fondateur de WeLoveWords, plateforme de crowdsourcing éditorial et créatif fédérant 10 000 auteurs : slameurs, romanciers, story-tellers, scénaristes, concepteurs-rédacteurs. (Lire cet article pour en savoir plus sur le modèle.)

Quoi ?
Un regard sur le modèle de crowdsourcing, ses bénéfices, ses limites et ses perspectives, pour les éditeurs, les marques et les agences.

Comment ?
Content is King ! Dans un contexte de plus en plus concurrentiel les entreprises redoublent d’ingéniosité pour se démarquer et investissent des centaines de millions d’euros dans la production de leurs contenus de marque, à l’image de RedBull, Evian ou Sephora, pour n'en citer que quelques-uns.

Face à ce défi le rôle des agences n’a jamais été aussi précieux, mais un nouveau modèle disruptif tente en parallèle de se frayer son chemin. L’heure du crowdsourcing a-t-elle enfin sonnée ?

1. L'ère du pronétariat : les petits ruisseaux font de grandes rivières.

L’éclosion d’internet a facilité la diffusion des connaissances et des idées : le web a facilité l'éclosion d'une nouvelle classe sociale de pro-am (professionnels/amateurs) dont l’objectif était d'être une alternative aux réseaux capitalistes. Joël de Rosnay invente alors en 2005 le terme de pronétariat pour qualifier ce mouvement citoyen, conscient de sa puissance du nombre et désireux d’échanger son savoir. Cela a donné naissance à de nombreux projets dans le monde de l’information ou des sciences, dont Wikipedia ou Tela Botanica en sont deux parfaits exemples.

2. Le crowdsourcing : le temps de la canalisation

Le Crowdsourcing,  néologisme conçu en 2006 par Jeff Howe et Mark Robinson, rédacteurs à Wired magazine dans un article intitulé "The rise of crowdsourcing" a ensuite montré comment Internet permettait de profiter du talent de la population. On ne se contenterait pas des bienfaits de celle-ci, mais on chercherait ses bénéfices. Cette notion de "profit" a marqué le passage à une nouvelle ère. Les citoyens, mais également les marques allaient pouvoir bénéficier de cet approvisionnement par la foule. La foule, le crowd, devenait force de proposition, elle avait l’avantage du nombre et de la diversité.

La force créative des individus a été alors sollicitée dans des domaines très variés. Sans en faire une liste exhaustive beaucoup de projets ambitieux autour de la production de contenus liés à l’image (Brand Supply, Eyeka ou plus récemment l’application iPhone Foap) ou à l’écrit (Welovewords…) sont apparus. Les ressources du crowd étaient dorénavant acheminées vers les marques.

3. Le perverted crowdsourcing : l’eau courante a un prix

Il a fallu peu de temps pour que les abus se manifestent et que l’on parle de perverted crowdsourcing. Ce modèle, vertueux à l'origine, risquait de perdre de son sens au point de devenir un robinet d’eau courante que certains commençaient à vendre sans en payer la facture. En rémunérant mal la foule au prétexte du nombre, en lançant une concurrence déloyale pour les agences, en privilégiant le volume aux dépens de la qualité, les pouvoirs magiques de la foule se neutraliseraient… Pour les conserver, voire les démultiplier, le crowdsourcing devait retrouver son âme son ADN, son triple A, son point G. Son triple G même. Gagnant-Gagnant-Gagnant. Le producteur, le canal, le consommateur.

4. La monétisation du crowdsourcing : vers un commerce équitable

Pour que le crowdsourcing fonctionne il doit nécessairement être équitable et déboucher sur une juste monétisation de la chaine de création et de production de valeur. Certes il faut que le créateur soit rémunéré "financièrement" et concrètement, mais le futur du modèle du crowdsourcing réside peut-être davantage dans sa capacité à également créer des monnaies complémentaires qui soient justes et pas illusoires, à créer des processus de valorisation de la création et du créateur qui lui permettent de trouver une contre partie équitable au partage de son savoir.

Le succès du crowdfunding (Kickstarter,...), une des déclinaisons du crowdsourcing, montre à quel point l'offre de goodies, de contenus premium, de privilèges en échange de l'apport financier de la "foule" de soutiens, peut fonctionner. Les badges sont aussi une monnaie complémentaire qui, quand elle est bien utilisée, est très efficace. Foursquare en est un bon exemple, la communauté de développeurs Github également. Il y a finalement assez peu d'autres exemples à donner, car c'est là que se situe l'enjeu : presque tout est à construire !

Grégory Nicolaïdis

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