Qui ?
Pascal Lechevallier, créateur de TF1 Vision en 2005 et fondateur de l'agence What's Hot, spécialisée dans le développement des nouveaux média : télé connectée, social TV, SVOD, brand content.
Quoi ?
Les 5 raisons de l'échec du JT de 20h de TF1 et des pistes pour les successeurs de Laurence Ferrari.
Comment ?
La dernière image de Laurence Ferrari sur TF1 : souriante car libérée du poids du JT ?
Tous les observateurs sont unanimes. Si le JT de TF1 est en danger, ce n’est pas parce que Laurence Ferrari est une mauvaise présentatrice. C’est tout simplement parce que le monde a changé, que la consommation de l’information n’est plus la même et que les goûts des téléspectateurs ont évolué. Ce n’est pas Laurence Ferrari qui devait partir, mais le JT !
Pour au moins 5 raisons :
- la première c’est qu’à 20 heures, les Français savent tout ce qui s’est passé dans la journée. On est gavé d’infos en continu du matin au soir : à la radio, à la télé, sur internet. A 20 heures, on sait tout, ou presque. Sauf si on a une exclusivité, un invité, un événement national ou international en quasi direct à traiter, le rendez-vous du 20 heures est dépassé.
- la seconde c’est qu’à 20 heures, les Français ont envie de se divertir : Scènes de Ménage, Plus Belle la Vie, Le Grand Journal, Very Bad Blagues, Bref. Des programmes courts, originaux, souvent inédits qui font oublier les problèmes quotidiens. Et comme le JT est disponible en Replay partout, autant passer un bon moment à 20 heures et picorer le JT un peu plus tard sur son PC ou sa tablette. Ce n’est pas pour rien que les JT de TF1 arrivent en deuxième position des contenus les plus regardés en Replay (source : CNC Avril 2012).
- la troisième c’est que le 20 heures de TF1 ne s’est finalement jamais vraiment modernisé. La Une s’est moqué du 19.45 de M6 présenté par une journaliste en jean, rappelez-vous la déclaration du Patron de TF1 : « Je ne sais pas si mettre un jean vous rend meilleur journaliste ! ». Sans doute pas, mais cela rend la présentation plus chaleureuse, plus conviviale, plus proche. Et peut être au final plus populaire, moins stricte et péremptoire.
- la quatrième raison, c’est qu’il est sans doute très compliqué de vouloir être le numéro 1 sur la télé-réalité et le divertissement et être en même temps le leader sur l’information. Difficile de faire cohabiter dans une même grille des émissions politiques sérieuses voire ennuyeuses et des émissions bien plus légères. L’image d’un traitement rigoureux de l’information par la rédaction de TF1 n’a-t-il pas été brouillé par les exploits vocaux ou culinaires de candidats à la recherche du succès, par des confessions trop intimes ou par le suivi permanent d’un groupe de jeunes enfermés dans une maison en carton pâte ?
- enfin, c’est que le traitement de l’information doit s’inspirer des nouvelles formes de communication venues d’internet. Changer le rythme, casser les codes, être plus participatif et interactif. Croire que mettre la météo en plateau et en direct en fin de JT était une réponse à l’érosion de l’audience est la preuve que les dirigeants n’ont pas compris ce que veut le public.
Le public désire la rapidité, la proximité, l’interactivité avec l’information. Le public n’a pas besoin d’être abonné à une agence de presse pour savoir ce qu’il se passe. A l’heure d’internet, et principalement de Twitter aujourd’hui, nous sommes à la fois spectateurs et acteurs de l’information. Que le régulateur le veuille ou non, il faudra qu’il accepte d’intégrer les réseaux sociaux dans le traitement de l’information. Une nouvelle ère de la communication s’ouvre et la créativité qui en découle permettra de réinventer l’information à la télévision. Du boulot en perspective pour les stratèges des chaînes TV.
Et en guise de bonus, quelques réactions issues de la TimeLine de Twitter, lieu d’échange direct entre ceux qui font l’information et ceux qui la regardent. Pas forcément tendre, jamais méchant et toujours interactif.
