Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Digiworld Summit 2013 : 4 défis pour recréer de la valeur dans les télécoms

Qui ?
Yves Gassot, directeur général de l'IDATE, organisateur du Digiworld Summit, qui rassemblait 1 200 personnes à Montpellier les 20 et 21 novembre, autour des enjeux du monde des télécoms et des réseaux - à retrouver aussi en interview ici.

Quoi ?
Un zoom sur les grands sujets débattus lors du Digiworld Summit et les défis à relever pour les opérateurs télécoms, en quête d'un nouveau business model (à ce sujet, lire notre compte-rendu de l'année passée), en partenariat avec la Fédération Française des Télécoms.

Comment ?

- Penser les réseaux de demain, adaptés aux objets connectés et au M2M (Machine to Machine)

Les chiffres de l'Idate prédisent que 80 milliards d'objets seront connectés d'ici à  2020 dans le monde : montres, véhicules, montres, compteurs, ascenseurs, mais aussi lits d'hôpitaux, machines à café ou ampoules... Les réseaux vont devoir s'adapter à ce nouvel écosystème qui demande flexibilité, fiabilité et sécurité. Les opérateurs y voient une opportunité de monétiser leurs infrastructures, mais cela suppose de lourds investissements. Deux types de réseaux vont devoir cohabiter pour assurer la bonne communication entre tous ces objets : des réseaux très haut débit, 4G ou 5G, d'une part, pour assurer les services de divertissement et de communications à usage intensif de données et des réseaux très bas débit, pour les objets du quotidiens équipés de capteurs et transmettant peu d'information, d'autre part. Exemple avec l'automobile connectée : dans l'habitacle, les services de divertissement pour les passagers et d'information pour le conducteur nécessitent des débits importants, alors que les capteurs équipant les pneus ou le moteur doivent être les moins coûteux possible en énergie et en technologie : ils se connecteront à des réseaux différents, moins évolués.

- Anticiper et prévenir le "cord-cutting"

Le "cord cutting" est le fait de renoncer à un abonnement, de téléphonie fixe ou de télévision payante, par exemple, au profit d'une offre équivalente qui serait moins onéreuse ou gratuite. Aux Etats-Unis, cette tendance, notable depuis 2007 dans le domaine de la télévision par câble, peut s'expliquer par trois facteurs : le coût très élevé de la télévision payante dans un contexte de crise (en moyenne, plus de 70$/mois, avec une augmentation annuelle supérieure à l'inflation), un report sur l'ADSL moins coûteux et l'essor d'acteurs "Over The Top" (OTT), tels que Netflix ou Hulu. Mais sur la période 2000-2012, la télévision payante au sens large (câble, IPTV, satellite) reste en croissance.

Pourtant, l'arrivée de service de VOD sur abonnement inquiète tout le secteur : la croissance de la télévision payante aux Etats-Unis a connu un net ralentissement depuis le boom de Netflix, en 2007, qui a engrangé près de 20 millions d'utilisateurs supplémentaires en 6 ans, avec une offre à 7,99$/mois. Amazon, avec son service Prime se positionne aussi dans ce domaine (lire notre article). L'arrivée récente de contenus exclusifs sur ces plateformes, comme la série événement House of Cards rendent ces services encore plus attractifs. En Europe, aucun acteur du type de Netflix ne s'est encore imposé, mais cela pourrait rapidement changer, avec un impact plus important qu'aux Etats-Unis. En effet, un acteur de la VOD pourrait casser encore davantage les prix en s'installant dans un pays au taux de TVA avantageux, dans lequel il ne serait pas soumis aux mêmes contraintes réglementaires, fiscales et d'investissements dans les contenus que les acteurs traditionnels de la télévision.

- Imaginer la ville du futur autour des individus et des usagers

La réflexion autour de la ville connectée concerne de très nombreux acteurs : collectivités locales, industriels de l'IT et des télécoms, services publics et "utilities", équipementiers et opérateurs télécoms en quête de valorisation de leurs infrastructures. Sans oublier les start-up et acteurs de l'internet, qui entendent jouer un rôle dans ce domaine. Philippe Dewost, Directeur adjoint, en charge de l'économie numérique de la Caisse des Dépôts faisait le constat suivant : les différentes visions de la ville du futur laissent peu de places à l'humain : ce sont des schémas où l'on raisonne en termes de flux et de stocks... Comment ne pas  oublier l'usager final ?

Peu de réponses lors de ce sommet, mais beaucoup de prospective et quelques initiatives : la démonstration d'une ville où tous les véhicules communiquent entre eux chez IBM, des présentations sur les systèmes de transport publics intelligents, ou l'annonce d'un partenariat entre Orange, Regus et la Caisse des Dépôts pour développer des espaces de co-working en périphérie des agglomérations plutôt qu'en centre-ville, afin de coller aux nouveaux usages nomades.

- Trouver un business model sain autour de la data

Une certitude : ceux-ci se retrouvent dans une position centrale, puisqu'ils ont potentiellement accès aux informations personnelles de leurs clients, à leurs données de navigation sur le web, leurs consommations téléphoniques ou encore leur données de géolocalisation. Reste à trouver le modèle économique qui permettra de créer de la valeur à partir de ces informations et de leur analyse, que ce soit pour l'opérateur, ses partenaires ou les consommateurs, dans le respect de la vie privée. "Les opérateurs peuvent élargir leurs revenus en s'organisant en plateformes actives de l'innovation ("open innovation") tant vis-à-vis des consommateurs que vis-à-vis des entreprises ou des acteurs Over The Top (OTT)…" explique Yves Gassot. "Ils pourraient par exemple permettre aux éditeurs d'applications d'accéder à des données via leurs API ou prendre en charge le paiement."

La data a le potentiel pour devenir une nouvelle source de revenus pour les opérateurs, à condition de conserver la confiance des utilisateurs : c'est le message que Stéphane Richard, le PDG d'Orange a tenu à faire passer. Pour lui, les acteurs du secteur devaient redonner le contrôle des données personnelles aux consommateurs, sinon le  régulateur durcira les règles de  collecte, stockage et  exploitation des données personnelles. En Espagne et en Allemagne, le double, voire triple opt-in est désormais la règle dans le domaine des télécoms (lire notre article à ce sujet).

Benoit Zante

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