Qui ?
Morad Adjaoud, chief idea officer de MadMix digital, qui propose des solutions rich media sur le mobile et a ouvert un bureau à NY en mai dernier.
Quoi ?
Une tribune en forme de ras le bol sur le retard croissant de la France dans le domaine de la pub mobile.
Comment ?
Nous fêterons en 2014 l’année du mobile. Enfin !
Nooooon, j’déconne 😉 Vous y avez cru ? Normal. Voilà 8 ans que chaque année, la France attend de célébrer l’année du mobile.
Alors pour nous faire patienter, on nous bassine les oreilles à base de croissance à 2 chiffres (là où celle de nos voisins nous mettrait une pile !), on nous rabâche sans arrêt que la data a dépassé la voix (suuuuper !), on nous affirme que les investissements publicitaires sont en hausse (mais de combien par rapport aux US, ou même à l’Allemagne ou l’Angleterre ?), on nous démontre que pas une marque n’a pas son appli ou son site mobile (il était temps !). Le responsive design est à la mode, la 4G a le vent en poupe et c’est tant mieux.
Certes la croissance est là. Mais elle est toute relative si l’on enlève nos œillères, grosses comme des oreilles d’éléphant ! Vous voulez ressembler à Dumbo, vous ? Moi, pas. Le souci, c’est qu’à force de se croire à la pointe d’un tout jeune média (qu’elle avait pris à temps), la France s’est un peu égarée. Elle s’est reposée sur ses lauriers et a accouché d’une souris en ne revoyant pas son mode de rémunération des agences média (qui ne voient pas leur intérêt à recommander le mobile), en délocalisant l’expertise, en verticalisant les métiers, en poussant les solutions propriétaires, et j’en passe... Vous ne me croyez pas ?
Alors, la dernière étude de ZenithOptimedia nous dit que nous occupions la (ô combien sublimissime) 8e place de leur classement mondial en 2012, en termes d’investissements publicitaires. Et qu’est-il prévu pour demain ? La merveilleuse et glorieuse… Ah bah, zut ! Je ne nous vois pas dans le tableau prévisionnel pour 2015. Vous nous voyez, vous ? C’est ballot ; nous aurons disparu du top 10 dans moins de 3 ans. Ces chiffres de ZenithOptimedia concernent la publicité au sens large. Mais, que ce soit dans les usages ou les investissements, le mobile prend une part de plus en plus importante. Les données de ce tableau parlent donc également du mobile…
Et si l’on y regarde de plus près, les seuls changements du tableau sont liés à la dégringolade de la France. Et vous allez me dire : « Ne soyons pas si pessimistes, ce ne sont que des prévisions. » Soit. On peut se contenter de notre 11è position, après s’être gargarisé de la 8è… Oui, mais là, là, c’est trop ! Après l’éléphant, je demande l’autruche. Courage, fuyons.
Deux solutions, donc :
- soit on continue sur notre (belle) lancée et on se dit qu’après tout, étant l’inventeur du Minitel et les pros du gif animé : on maîtrise grave. Et on continue de se cacher derrière notre petit doigt, jusqu’à ce que mort s’en suive. Il parait que les cons osent tout, c’est même à ça qu’on les reconnait !
- soit on se bouge les fesses. C’est-à-dire que l’on fait preuve d’humilité, que l’on arrête de chercher les causes externes du genre Google ou la crise-ma-bonne-dame, que l’on reprend le sujet par le bon bout (business, contenu, expérience utilisateur, innovation…) et on a peut-être une chance… de jouer pour la 10è place en 2015. On y croit (ou pas) !
Morad Adjaoud
