Newsletter du Lundi
11/12/23

Paru le

Bottin Carto VS Google : « un combat démocratique »

Qui ?
Dorothée Mani, DGA de Bottin Cartographes (ex Plan Fax), l'inventeur du  plan pour localiser les magasins (store locator), aujourd'hui une Maps Agency de 25 personnes.

Quoi ?
Une interview sur le marathon juridique qui oppose depuis 2009  Bottin Cartographes à Google, autour de la question de l'abus de position dominante(une question déjà abordée la semaine dernière par le petitweb, voir ici), maintenant que l'Autorité de la Concurrence a été saisie du dossier par la Cour d'Appel.

Comment ?

- Pourquoi avoir attaqué Google ?

L' API Google Maps est fournie gratuitement aux entreprises. Favorisé par le search Google, Google Maps est devenu une norme visuelle de cartographie, au prix abusivement bas. Se rémunérant sur la publicité, la société peut se permettre de fournir ce service gratuitement aux entreprises. Google n'a jamais mis en place de publicité dans ses API. C'est donc un service gratuit sans contrepartie publicitaire. Le but de Google est l'optimisation à terme des revenus de ces services. D'ailleurs, Mappy et ViaMichelin se sont retirés du BtoB. Nous avons demandé la réparation du préjudice commerciale subi, soit la somme des résiliations que nous avons enregistrées, qui est passé, avec le temps, de 500 000 euros à 1,1 millions. Le jugement de première instance a reconnu une "stratégie générale d'élimination". Même s'il ne s'est pas senti d'obliger Google à commercialiser de la pub sur ses cartes, ce que nous avions demandé.

- Mais Google commence à faire payer les entreprises...

Effectivement, ils donnent les premiers signes de volonté de faire payer les plus gros consommateurs de cartes. Le site Gites de France a dépassé son quota gratuit et sur son site, on voit les cartes barrées d'un sens interdit, ce qui n'est pas du dernier chic. Un client m'a confié s'être vu demander 30 000 euros, ce qui ne correspond en rien aux conditions commerciales affichées. Nous demandons que Google respecte ses conditions générales de vente.

- Que dit l'arrêt de la Cour d'Appel du 20 novembre dernier (à lire ici) ?

Google demandait que Google France, qui est, comme nous l'avons découvert, une EURL au capital de 7 000 euros, soit mise hors de cause. Cela a été refusé. Il demandait aussi un sursis à statuer, en attendant la décisions de la Commission Européenne. Cela a aussi été rejeté. Le tribunal a estimé ne pas avoir assez d'éléments comptables sur les prix. Il a demandé l'avis de l'Autorité de la Concurrence, qui devrait intervenir d'ici huit mois.

- Quelles réactions avez-vous eu à la suite de ce jugement ?

Quand on a gagné en première instance, il y a eu de la part du public un déversement de haine. On nous soupçonnait de vouloir remettre en cause le modèle gratuit. A l'époque, Google était un peu vu comme le dieu d'Internet. Mais aujourd'hui, le climat change. Le public commence à comprendre que Google va imposer un péage avant l'accès internet. Au delà de nos affaires, ce combat me passionne, car, de manière ultime, c'est un combat pour la démocratie.

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